Inspirations sartoriales sur Instagram : maninwave

Avant-propos

Cinquième article dans notre série "inspirations sartoriales sur Instagram". Si vous ne connaissez pas le principe, vous pouvez lire le premier article ici

Inspiration: maninwave

Instagram : maninwave

1

Sur le plan des couleurs : La tenue s’organise autour d’un camaïeu de bleu, allant du blanc au bleu marine. Le blanc du polo permet de faire ressortir la veste en jean bleach, là où un polo bleu clair aurait ajouté de la confusion. Le pantalon marine permet de porter des mocassins marrons très foncés sinon noirs (que périssent les ploucs anti mocs noirs !).
Sur le plan des matières : Le pantalon est plus lisse que la veste en denim, mais préférez tout de même un pantalon un minimum texturé pour ne pas trop trancher avec le denim. On est ici dans une inversion de paradigme par rapport aux vingt dernières années où les ploucs ont cru bon de porter une veste de costume avec un jean pour faire « sérieux mais cool » (on rêve…).
Sur le plan des registres : De façon assez classique, la tenue se divise en « formel » et « décontracté » sauf qu’à l’inverse de ce qu’on a l’habitude de voir, le formel est ici en bas et le décontracté en haut. Comme nous l’avons déjà dit, c’est ce que vous portez au niveau du torse qui dicte le ton général de la tenue. Un zozo en jean et veste de costume sera catalogué comme voulant être « formel mais pas trop » alors que porter un pantalon à pinces et une veste en denim vous classe dans un registre décontracté avant tout. Le polo est cohérent car à mi-chemin entre le formalisme du pantalon à pinces et la décontraction de la veste. De même que les mocassins.
Sur les volumes : Les pinces rajoutent du volume mais le bassin reste assez propre, on ne retrouve pas le côté bouffant sinon bouffonesque de certains pantalons à pinces. Le pantalon reste ajusté mais sans excès, là où la veste est d’une ampleur un peu plus marquée. Le résultat est assez cohérent. Respectez une certaine harmonie des volumes entre le haut et le bas de vos tenues, mais si jamais vous devez faire primer le volume sur une partie du corps, vous devez impérativement le concentrer sur le haut du corps pour exalter vos caractéristiques sexuelles secondaires. Concentrer le volume en bas du corps vous donnera une forme de vénus callipyge du plus mauvais effet.

2

Les mêmes principes sont mis en œuvre ici. Si vous avez moins de 30 ans et que vous avez cassé votre tirelire pour vous acheter un pantalon à pinces roumain, c’est à peu près ce qu’on vous conseille de faire comme tenue. Vous pourrez porter avec fierté votre futal pendant quelques semaines le temps que le tissu soit détruit au niveau de l’entrejambe.

Le t-shirt permet de rendre l’ensemble décontracté malgré un pantalon à pinces. Porter une veste avec un t-shirt reste assez peu hygiénique et on s’interroge un peu sur la cohérence du t-shirt et d’une veste croisée bien qu’en maille… Pas forcément convaincu. Une maille plus simple, une veste en jean, un blouson A1 en daim, une barbour auraient sans doute été plus indiqués.

3b

Ce cardigan remplace admirablement une veste dont il partage en partie la structure : poche poitrine et boutonnage. Passons sur le fait que le vert et le marine aillent bien ensemble pour nous intéresser au fait que le cardigan est porté avec un col roulé.
Le cardigan est très souvent connoté désuet, si ce n’est franchement vieillot. Si vous êtes jeune, évitez de le porter avec une chemise et un pantalon à pinces sauf si vous êtes bons (mais si vous lisez ce blog vous êtes très certainement un plouc comme tous les lecteurs de blogs), et préférez le col roulé qui permet de moderniser n’importe quelle tenue.

La mise est séparée en deux blocs distincts, vert en bas et marine en haut. Le fait que les deux mailles soient marine (bien que légèrement différentes) permet de mieux structurer la silhouette comme nous l’avons déjà expliqué pour intégrer facilement un col roulé dans un ensemble.
La tenue étant assez simple, vous pouvez vous permettre une ceinture bijoux qui permet de marquer distinctement la séparation de la tenue (notez à quel point la tenue perd en panache une fois le cardigan fermé et la ceinture rendue invisible).

Sur le plan structurel, la tenue est cohérente avec un pantalon légèrement ample et un cardigan qui l’est tout autant. Laissez en revanche le cardigan ouvert, une fois fermé l’articulation des volumes perd en cohérence.

La pochette est en revanche superflue.

4

Le polo en laine peut remplacer un col roulé pour un rendu encore plus détendu mais aussi plus dandy, donc à manier avec précaution. L'exemple ici tire déjà trop vers la fanfaronnade pour faire rire les copains sur Insta.

5

L'intégration du polo coloré est ici mieux réalisée. Le rendu est assez naturel pour plusieurs raisons:
Le haut et le bas sont de textures égales (maille et flanelle), d'un volume égal (le polo est rentré dans le pantalon mais un léger bouffant est conservé pour respecter l'harmonie commandée par l'ampleur d'un pantalon à pinces), et les couleurs se répondent bien. Un pantalon marine aurait sans doute tranché de façon trop vive.

En passant c’est encore une illustration concernant la nécessité d’accorder le charbon et le marron. Le pantalon est de flanelle (et doit l’être) et s’accorde bien avec ce polo en maille assez texturé. Si votre maille est plus lisse, vous pouvez tenter un pantalon charbon ou noir également plus lisse.

6

Ce genre de tenue est assez classique chez lui. Ce qui dicte le ton d'une tenue est la veste ainsi que les souliers. Vous pouvez sans soucis intégrer un pantalon à pinces en flanelle dans une tenue décontractée à condition que les extrêmes de la tenue (chaussures et vestes) soient décontractées (veste militaire, veste de chasse, veste en jean, valstar etc en haut, et bottines voire mocs en bas (de préférence en veau velours)). Le résultat sera bien plus convaincant et raffiné que celles des bouffons en blazer et fatigue pants.

7

La tenue est assez réussie pour plusieurs raisons: premièrement, elle obéit aux codes tailleurs en matière de coupes et de proportions. Ensuite, les matières et couleurs sont harmonieuses. Enfin, la tenue évite l'effet cosplay ou panoplie car elle mêle des éléments aux origines disparates (tailoring, militaire, workear) mais d'un registre commun (style classique "vintage")

8

L'été, un short à pinces et une chemise en coton/lin aux manches roulottées permettent de rester élégant sans en faire trop. Si vous rentrez la chemise dans le short, laissez la légèrement bouffante pour des raisons d'harmonies avec l'ampleur des pinces. Profitez de la simplicité de la tenue pour y intégrer une ceinture bijou. Pour les pompes: mocs ou espadrilles. A l'extrême limite, des sneakers en toile peuvent faire l'affaire.

13

Ce type de veste est bien plus polyvalente qu'une veste marine. L'association est aisée avec une très grande amplitude de vêtements: jean ou pantalon à pinces, chemises ou maille... En revanche, la pochette est superflue.

Proportions et demi-mesure

Avant-propos

Nous avions originellement préparé un court article qui devait illustrer de façon pertinente et accessible le sujet des proportions. Pour beaucoup c’est une question complexe à appréhender et nous vous invitons, si ce n’est pas déjà fait, à lire notre série “la bonne coupe” en particulier les articles : La Bonne Coupe 4 – La veste : cintrage, longueur et montage, La Bonne Coupe 2 et 3 sur le pantalon qui complètent parfaitement ce que nous allons aborder ici. Il se trouve que l’on nous a également récemment demandé ce que nous pensions de la marque Lanieri et nous avons pensé qu’il était intéressant d’intégrer notre avis à cet article sur les proportions.

Nous allons commencer par présenter rapidement Lanieri et par ailleurs nous illustrerons quelques principes sur les proportions. Nous commenterons ensuite plusieurs tenues de clients Lanieri et pour conclure le propos nous comparerons ces tenues à celles d’autres marques de demi-mesure.

Présentation de Lanieri

Nous avions déjà dit en commentaire de notre article sur l’entretien des souliers “qu’en ce qui [nous] concerne Lanieri est une énième start-up bénie des “Dieux” qui prétendait faire de la magie et qui au final délivre un produit cher et raté. C’est même un cas d’école.” Un lecteur nous a demandé de développer, alors développons. Lanieri est une start-up italienne fondée aux alentours de 2011 par Simone Maggi et Riccardo Schiavotto, deux titulaires d’un MBA du Collège des ingénieurs, formation prestigieuse s’il en est puisqu’Élisabeth Bor(g)ne a la même. Pour ceux qui l’ignorent le MBA du Collège des ingénieurs est une formation de type école de commerce destinées aux jeunes ingénieurs et scientifiques qui souhaitent acquérir des connaissances sur le fabuleux monde du business.

À partir de 2015 Lanieri commence à se développer hors d’Italie et leur stratégie n’est pas d’une grande originalité puisqu’elle consiste à graisser la patte à tous les influenceurs du milieu. À cette époque pour vous faire une idée du budget marketing d’une marque sur le marché Français vous pouvez utiliser l’échelle Jaco. L’échelle Jaco est un instrument de mesure scientifique simple à utiliser, vous tapez le nom d’une marque sur le blog de Jaco et selon le nombre de résultats vous avez une idée de son niveau de compromission. En même temps, Lanieri c’est Italien, ils savent que pour réussir mieux vaut payer la mafia (de l’influence) plutôt que la combattre.

À l’époque l’offre de demi-mesure en ligne est relativement limitée mais elle n’est pas inexistante, loin de là. Pour se démarquer Lanieri a une arme redoutable, un algorithme top secret développé spécialement pour eux en collaboration avec la Nasa afin d’avoir le fit le plus parfait trop bien qu’il est génial. On déconne un peu mais pas tant que ça. Faites une recherche algorithme et Lanieri dans Google et amusez-vous bien. Certains articles déconnent d’ailleurs bien plus que nous et Le Point parle carrément de “néotailleur 3.0”. Le 2.0 c’est déjà dépassé bande de ploucs, Lanieri ils sont dans le futur. Je vous laisse d’ailleurs faire le tour des nombreux articles totalement dithyrambiques maniant l’hyperbole et pas du tout rémunérés sur la marque qui circulent un peu partout, nous, nous allons jeter un coup d’œil du côté de l’algorithme magique.

Une histoire de ratios

Avant de nous attarder sur les mises de clients Lanieri jetons tout d’abord un coup d’œil à ces trois tenues qui ne sont pas de la marque et sont très intéressantes. Elles sont pleines d’enseignements car bien qu’elles soient construites autour de la même idée la différence de coupe est flagrante. Observez les biens.

Source: Instagram
Source: Instagram

Ligne rouge: ligne de boutonnage
Ligne orange: ligne de taille / ceinture

Sur la photo de gauche, on peut voir que la ligne de boutonnage coïncide avec celle de la ceinture ce qui est la bonne proportion à adopter.
À l'inverse, sur les deux autres, l'écart est patent et signe un PAP de mauvaise coupe (les vendeurs vous diront qu'il s'agit d'une coupe moderne).

Ligne rose: ligne de poche
Ligne bleu clair: ligne du bouton inférieur

Sur la photo de gauche, le bouton inférieur est situé trop bas par rapport à la ligne de poche. La bonne proportion est en revanche respectée sur les deux photos de droite. Le principe de l’alignement du bouton inférieur avec la ligne de poche remonte aux années 30/40 et est plus harmonieux qu'un boutonnage placé trop haut ou trop bas.

Ligne jaune: Sauf effet de style, le revers doit plus ou moins se situer à équidistance des deux points de l'épaule (acromion et col).
Ligne blanche: La veste doit être séparée en deux partie de même taille. La première moitié de l'épaule au bouton actif, la seconde du bouton actif au bas de la veste.

Les proportions sont respectées à gauche et à droite mais comme le bouton à droite est trop haut, la veste se retrouve trop courte.

Observez maintenant cet exemple de costume droit bien coupé et proportionné dans différents styles (anglais, milanais, parisien)

Source: Tumblr
Source: Tumblr

Un exemple similaire mais pour un croisé. Les poches sont bien au niveau du boutonnage, inutile donc de nous dire que c'est impossible sous prétexte que vous ne voyez que des croisés ratés toute la journée.

Source: Tumblr
Source: Tumblr

Pro-mesure et demi-portion

Maintenant que vous avez bien observé ces photos nous allons passer à celles des tenues Lanieri. Si vous en avez besoin nous vous recommandons encore une fois de vous référer à nos articles de la série “la bonne coupe” afin de bien comprendre les observations qui sont faites.
Il est également important de comprendre que notre propos concerne ici Lanieri car on nous a explicitement demandé notre avis sur la marque, mais il est en réalité applicable à pratiquement toutes les marques de demi-mesure. Certes, certaines vont vous permettre de réaliser des vêtements d’essais etc etc, mais les problèmes de coupe sont légion dans ce marché, pour le prouver nous allons également inclure d’autres fabricants en fin d’article.

Les tenues ont été sélectionnées au hasard et proviennent toutes de réseaux sociaux en lien avec le monde Sartorial, donc de gens qui ont théoriquement plus de connaissances sur le sujet qu’un client lambda. Elles datent toutes de périodes différentes allant de 2015 à 2022 et appartiennent soit à des clients payants, soit à des influenceurs qui ont reçu leur produit “à titre gracieux”. Certaines mises ont été réalisées en boutique, d’autres en ligne.

Source: Discord
Source: Discord

La position des bras fausse l'analyse de l'épaule mais je pense que la pose est volontaire pour camoufler un défaut que l'on devine malgré tout. Sur l'épaule droite on distingue un renfoncement entre la cigarette et le deltoïde alors que ce renfoncement devrait être absent.

Passons sur les revers trop larges façon proxénète de second rang dans une production de la blaxploitation pour nous intéresser à la position des boutons : le dernier bouton n'est pas aligné avec les poches, il y a un problème de patronage. La veste aurait dû être bien plus longue vu la position des boutons. Soit le patronage était mauvais dès le début, soit le client est de petite taille et une adaptation malheureuse a été tentée pour raccourcir la veste de 3 ou 4cm en compressant les proportions du bas vu que les poches sont artificiellement remontées.

Axes d'amélioration possibles : rallonger la veste pour faire descendre les poches. Baisser le cran, bien trop haut pour cette hauteur de boutonnage.

L'arrière du pantalon n'est pas très propre. Le pantalon gagnerait à avoir plus d'ampleur, malgré une cuisse qu'on devine assez fine, vu qu'il semble heurter le mollet. Le client semble aussi passer beaucoup de temps assis (étudiant ou profession de bureau) ce qui entraîne une mauvaise posture au niveau du bassin et un pantalon qui plaque contre les ischios jambiers.

Axes d'amélioration possibles : Faire plus ample, remonter l'arrière du pantalon en pinçant le tissu dans la ceinture.

Source: Discord
Source: Discord

La pose rend difficile l’examen de la veste mais la ligne d'épaule manque clairement de netteté. Normalement on constate cette déformation uniquement en position assise. Le client doit avoir une cyphose non prise en compte par le "tailleur". L'état du pantalon qui tiraille de partout confirme un problème de posture non pris en compte (particulièrement flagrant juste à la naissance des ischio-jambiers). Si vous souhaitez un pantalon qui casse proprement, un minimum d'ampleur est nécessaire.

Axes d’amélioration possibles: tout.

Source: Discord
Source: Discord

Le client a une épaule plus haute que l'autre mais ça n'a pas été pris en compte par le “tailleur”. Cela se remarque car le bouton n'est pas aligné avec la boutonnière.
On remarque également que la manche gauche essuie des contraintes techniques assez fortes comparé à la droite. Le client doit passer beaucoup de temps assis à manipuler une souris d'ordinateur et doit avoir le torse qui vrille légèrement vers l'intérieur en plus de son épaule plus haute que l'autre.

Axes d’amélioration possibles: démonter et remonter les manches pour en modifier l'aplomb.

La veste souffre du même problème de patronage que d’habitude : le dernier bouton n'est pas aligné avec les poches. Difficile de savoir si le patronage était foireux ab initio ou s'il s'agit d'une adaptation pour un client de petite taille.

Source: depiedencap
Source: depiedencap

Je ne sais pas comment l'employé n'a pas pu constater le collar gap. L'aplomb des manches est catastrophique car la morphologie du client n'a pas été prise en compte. Le bouton actif est placé démesurément haut (imaginez qu'il s'agit de son nombril). Le pantalon devrait presque doubler de volume pour que le rendu soit correct.

Axes d'amélioration possibles : tout (excepté le bouton inférieur qui est au bon niveau des poches pour une fois).

Source: depiedencap
Source: depiedencap

Client manifestement très petit. Le patronage a été modifié mais d'une façon excessive car la veste est bien trop courte, la faute à un boutonnage actif remonté bien trop haut.
Le pantalon a une taille trop basse. Le client doit avoir un bassin très large et qui a été pris en compte en donnant beaucoup de bassin et de cuisse au pantalon. Le résultat est peu convaincant car le pantalon devient trop ajusté au niveau du genoux ce qui créé une sorte de goulot d’étranglement. La cuisse trop ample et le mollet trop fin donnent ce résultat au niveau de l'arrière de la cuisse.
La pose ne permet pas de juger le reste d'une façon très fidèle.

Axes d'amélioration possibles : tout.

Source: depiedencap
Source: depiedencap

Il n'y a pas grand-chose à dire si ce n'est que le costume est bien trop ajusté. Cependant, on peut faire remarquer l'absence totale de talon de manche.

Axes d'amélioration possibles : tout

Source: depiedencap
Source: depiedencap

Encore cette satanée disproportion au niveau des poches ! Inutile d'examiner le reste, passons au suivant.

Source: effortlessgent
Source: effortlessgent

La fente est haute, ce qui est un bon point (mieux que SuitSupply sur ce coup).
Le bouton actif est trop haut pour que le cintrage soit idéal. La poitrine devient petite alors que l'intérêt du croisé est de la dégager.
La zone entre la poitrine et l'épaule fait PAP bas de gamme : l'emmanchure semble très basse. Alors que la poitrine devrait être légèrement creuse, on trouve un embu difficilement explicable près de l'épaule (cf photo 2). Le deltoïde est moulé (cf photo 1) et l'arrière de la manche vient s'écraser contre le triceps (dernière photo) sans doute en raison de l'ajustement trop poussé de la manche et d'une posture non prise en compte.

La tenue date de 2015. Elle est plus ancienne que les photos ci-dessus où le montage de l'épaule parait plus qualitatif. Est-ce qu'il y a eu un changement de patronage et/ou atelier ?

Source: jamaisvulgaire
Source: jamaisvulgaire

Passons sur les goûts douteux du bonhomme en matière d'ampleur du pantalon et de chaussettes pour nous intéresser à la ligne d'épaule qui manque cruellement de netteté (assez classique sur ce genre de croisé en demi-mesure) ainsi qu'à la disproportion entre les poches et les boutons. Ces détails n’auraient pas dû échapper à l'œil expert de l'intéressé mais il était sans doute fatigué de lutter contre un col aussi rigide en tentant des postures improbables (à moins qu'il ne s'agisse d'un simple collar gap).

Source: misiuacademy
Source: misiuacademy

Le même problème que d'habitude : la position du bassin du client n'est pas prise en compte, le pantalon est plaqué sur les ischios. L'épaule manque de netteté (particulièrement visible à droite). L'aplomb de la manche est mauvais (sans doute car la posture naturelle du client n'est pas prise en compte). Si on regarde attentivement, on peut voir que le col plaque mal du côté droit. 

Source: misiuacademy
Source: misiuacademy

Le mauvais aplomb se vérifie. La jupe du croisé plaque mal sur le pantalon. Les défauts du pantalon préalablement identifiés se vérifient.
Encore et toujours la disproportion au niveau des poches…

Source: blog styleforum
Source: blog styleforum

Le résultat le plus convaincant jusqu'ici. Dans l'ensemble, il n'y a pas de défaut criant mais on peut constater un manque de netteté dans la ligne d'épaule. La construction de l'épaule et du plexus signe une production industrielle mais ce n'est pas en soit un défaut.

Nous avons maintenant un client qui déçu de sa commande a fait refaire le pantalon par Lanieri et qui a fait retoucher la veste par un tiers comme cela est proposé par les conditions de vente de la marque. Nous proposons donc un avant/après.

Avant :

Source: peaklapel
Source: peaklapel

Le col est trop large. L'aplomb des manches est mauvais faute d'avoir pris en compte la posture du client.
La jupe ne colle pas au pantalon.

Après :

Source: peaklapel
Source: peaklapel

Le col a été ajusté. La jupe colle au pantalon, c'est mieux.

Source: peaklapel
Source: peaklapel

L'aplomb des manche a été corrigé mais ce n'est pas encore ça, faute d'une ampleur nécessaire et d'une mauvaise emmanchure. On peut cependant remarquer que le pan du croisé plaque mal, certainement en raison du mauvais cintrage (particulièrement flagrant au niveau du bas du dos). Le patronage a été mal adapté au gabarit du client.

Source: peaklapel
Source: peaklapel

Les défauts sont particulièrement criants. Le dos manque de netteté. Le pantalon est plaqué contre les ischios. Le deltoïde est visible.

Même principe, sauf qu’ici le client a demandé à Lanieri de refaire la veste et a fait retoucher le pantalon par un retoucheur.

Avant :

Source: styleforum
Source: styleforum

Les manches et le pantalon sont certes trop long mais c'est normal à la livraison d'un costume. Le problème réside encore et toujours dans le mauvais aplomb des manches (vous en connaissez la raison) ainsi que la disproportion de la veste (visible par rapport aux poches). Le client semble avoir un important passé sportif car ses épaules sont basses, la poitrine ainsi que le dos sont développés mais la taille reste fine. Le pantalon est d'une ampleur correcte et il ne souffre d'aucun problème postural ou d'un mollet excessivement en arrière comparé aux précédents exemples vu que le pantalon tombe parfaitement droit à l'arrière.

Malheureusement, l'adaptation du costume à ce gabarit assez particulier n'est pas très heureuse. De dos, les trapèzes ressortent excessivement et ruinent la ligne d'épaule. Les dorsaux manquent d'aisance.

Axes d’amélioration : Relâcher le dos et reprendre la poitrine (possiblement au moyen d'une pince sous le revers). Le cintrage peut également légèrement être détendu afin de limiter la compression des dorsaux. Il faut aussi redonner de l'ampleur à la manche et en modifier l'aplomb (les épaules semblent en avant).

Source: styleforum
Source: styleforum

Le souhait du client a manifestement été de faire ajuster le pantalon. Le pantalon tombe moins bien mais il est désormais prêt à rejoindre les tirailleurs si jamais la France se décidait à reformer son empire colonial.

Le boutonnage est toujours trop haut, la taille trop basse. Les poches décalées par rapport aux boutons. Le dos n'a pas été assez libéré mais le cintrage a été suffisamment détendu (le résultat fait moins cartoon). Il y a toujours un problème de poitrine. Au lieu de donner de l'ampleur à la manche, celle-ci a été réduite au point de comprimer le biceps mais on peut mettre ça sur la faute du client

Source: Instagram
Source: Instagram

Jetons maintenant un coup d’œil au vendeur Lanieri de gauche : la proportion est bonne (cf la poche qui ne remonte pas plus haut que le bouton). La ligne d'épaule est nette. La manche a assez de volume pour laisser le bras s'exprimer. Le pantalon est également assez propre. Les revers cassent un peu, sans doute en raison d'un excès de développement des pectoraux. Une pince placée sous le revers serait tout indiqué pour y remédier. Le seul défaut vraiment dirimant de la veste est que la jupe ne colle pas au pantalon, peut-être en raison de la position des bras.

Source: Instagram
Source: Instagram

Passons maintenant au “client” (vous pouvez également utiliser la photo précédente). La ligne d'épaule manque de netteté ainsi que la ligne de manche (côté gauche). La zone de boutonnage n'est pas très propre mais cela reste acceptable. En revanche, les poches remontent trop haut.

Et les autres marques de demi-mesure alors?

Scavini

Comparons avec une demi-mesure Scavini, toujours sur un croisé et sur la même personne :

Source: Instagram
Source: Instagram

La ligne d'épaule est bien plus nette mais on distingue un léger collar gap.
La veste est disproportionnée : la ligne de boutonnage a été remontée trop haut (possiblement pour raccourcir la veste sur demande du “client” ? à moins que le patronage soit déjà ainsi. Quoi qu'il en soit, les poches remontent trop haut)

Source: Instagram
Source: Instagram

Le collar gap se voit un peu mieux ici le pantalon est trop ajusté mais c'est sans doute un choix du “client”.

Source: Instagram
Source: Instagram

Le résultat laisse songeur... le costume semble avoir été déglingué par un pressing ou un
Mauvais pliage lors d'un transport en avion/train. 

Source: Instagram
Source: Instagram

Le bouton actif côté gauche a certainement été déplacé par le tailleur lors de l'essayage final mais la couture n'est pas très propre car on voit les différents fils derrière le bouton.

Clotilde Rano

Clotilde Rano a pris soin de recourir à un expert pour présenter son travail.

Source: jamaisvulgaire
Source: jamaisvulgaire

Cette fois, pas de bras levé ou de main dans la poche pour cacher une mauvaise coupe.
Si la ligne d'épaule est assez nette, on peut s'interroger sur l'aplomb des manches qui tirebouchonnent de tous les côtés.
Le cintrage n'est pas forcément très réussi alors même que le "mannequin" est assez longiligne.
Le problème principal est le patronage qui semble dessiné pour féminiser la silhouette. La majorité des hommes ont besoin d'une compensation de carrure mais la "mode" de cette dernière décennie a été aux vestes qui gomment les caractéristiques sexuelles secondaires. La veste se retrouve étriquée pour faire un torse d'enfant (plat et sans épaule) au lieu de donner du coffre et de la carrure, et la longueur de la veste est diminuée afin de conserver une certaine harmonie dans l'horreur (faute d’élargir la carrure, il faut raccourcir la veste sous peine d'avoir un énorme rectangle en guise de veste).

Le pantalon souffre des mêmes problèmes que les tenues déjà identifiées comme ratées. Sans doute en raison d'une mauvaise posture non prise en compte.

Source: jamaisvulgaire
Source: jamaisvulgaire

Un effort a été fait sur l'alignement des motifs (cf col / pointrine / manche). Si vous avez mauvais goût et que vous commandez un costume avec des gros carreaux, soyez attentifs à ce que les motifs soient bien alignés.

Howard's

Howard's, plus modeste, se contente de poster des photos avec ses clients :

Source: Instagram
Source: Instagram

Les proportions sont respectées, le travail est plutôt propre (pas de plis de tensions ignobles comme sur d'autres tenues vues précédemment). Par contre, les épaules sont ratées : La cigarette est trop prononcée (on retrouve des cigarettes identiques chez Ardentes Clipei, les deux marques recourent peut-être au même atelier) et il y a un renfoncement bien excessif entre la cigarette et le deltoïde du jeune homme.

Gardons-nous de trop critiquer la tenue de ce client, vu la taille des revers il serait susceptible de nous percuter avec sa Cadillac Deville 1964 intérieur panthère avant de nous achever à coup de bottines à talons.

Source: Instagram
Source: Instagram

Même problème ici.

Source: Instagram
Source: Instagram

Collar gap, veste disproportionnée, etc. Bref, inutile de continuer.

Maison Pen

Autant il est possible de trouver des costumes plutôt réussis :

Source: Instagram
Source: Instagram

Autant d'autres ont eu moins de chance:

Source: depiedencap
Source: depiedencap
Source: depiedencap
Source: depiedencap

Sans commentaire....

Conclusion

En conclusion, le résultat apparait en général peu convaincant et ce peu importe la marque. In fine, tout se vaut peu ou prou car les tendances dégagées pour Lanieri se retrouvent dans les autres offres de demi-mesure. 

Tout d’abord beaucoup de costumes ont des problèmes de patronage qui ne sont pas liés au goût du client (que le client souhaite un costume étriqué ne change rien au fait que les boutons ne soient pas alignés sur les poches par exemple). Par ailleurs la posture des clients n'est souvent pas prise en compte (particulièrement visible pour les manches et l'arrière du pantalon). Soit les clients sont tous des autistes incapables de comprendre les consignes pour un essayage (adopter une posture naturelle, signaler quand quelque chose ne va pas car le vendeur peut avoir l'esprit ailleurs ou courir entre différents rendez-vous), soit les "conseillers" / "tailleurs" ont de la merde dans les yeux et sont tout juste capable de prendre des mesures sans adapter les patrons aux clients.

Ensuite, les marques tentent parfois de se distinguer suivant leur lieu de production. Je doute que la localisation de l'atelier (Portugal, Roumanie, Italie) change quoi que ce soit sur un plan esthétique car le résultat fait toujours industriel (absence de talon de manche par exemple). Peut-être que si c'est "made in italy" ça rassure le plouc alors que le produit terminé ressemble comme deux gouttes d'eau a un produit roumain ou chinois. La différence de prix étant sans doute plus justifiée par les meilleurs salaires des ouvriers dans tel ou tel bled plutôt qu'un savoir-faire technique particulier. L'autre différence de prix peut provenir de la qualité des matériaux employés (par exemple la qualité de la thermocolle pour votre entoilage industriel, nous abordons déjà le sujet de l’arnaque qu’est le semi entoilage industriel ici et ) ou l'amortissement des machines. Produire dans un pays où la main d'œuvre est chère n'a de sens que si techniquement le produit est mieux réalisé. Optez pour un atelier pour son savoir-faire plutôt que sur sa localisation. Pour simplifier, je préfère du fait main en Chine que du fait machine en Italie. Et surtout demandez à comparer les produits issus de différents ateliers, nombreux sont les ateliers à proposer du "fatto a mano" de piètre qualité (mieux vaut du fait machine dans ce cas, ce sera moins cher pour un résultat identique) et les vendeurs qui font passer des défauts pour des signes de qualité (très courant avec les boutonnières réalisées de travers, le point baguette irrégulier etc).

Guide d’entretien pour les souliers en cuir

Avant-propos

Vous venez de vous découvrir une passion pour les chaussures en cuir et à mesure de vos lectures sur les zinternets vous apprenez avec effroi (ou avec joie, c’est selon) qu’il ne faut pas seulement raquer pour les pompes mais qu’il faut également hypothéquer un rein en cirage, brosses et autres crachoirs pour la maintenance. Il fût un temps où l’on déléguait les bassesses de l’entretien au personnel de maison. Un tel luxe se trouve encore dans certains pays, un très bon ami à moi a grandi en Côte d’Ivoire avec tout l’attirail de la coloniale, hépatite comprise. Du boy au garde du corps en passant par la cuisinière, il avait tout. En guise de réveil on lui chatouillait les pieds et le jour où il est parti pour la métropole sa cuisinière s’est proposée de le suivre de crainte qu’il ne meure de faim. Aujourd’hui à moins d’être un expat dans le tiers monde ou un membre de la communauté fermée des 1 %, il n’y plus de petit personnel. Vous allez devoir vous farcir toutes les tâches ingrates vous-même, car le cirage de pompe c’est ingrat, d’où l’expression. C’est ingrat car c’est une perte de temps. Ce n’est pas pour rien que c’était un travail de rue pratiqué par des petites mains. Alors je sais que pour faire passer la pilule il est de bon ton de travestir cette corvée en une sorte de moment de détente. Si vous écouter Olga Squerri ça semble même être la recherche d’une volupté suprême. Mais ne vous y trompez pas, plus vous avez de paires et plus on se rapproche des galères voire même du bagne. Vous allez suivre la trajectoire classique, au début vous allez être un maniaque de l’entretien, un brossage après chaque port, une révision complète par semaine, des glaçages à la volée. Et puis, plus votre collection va s’agrandir plus vous allez trouver cela fastidieux. Les brossages vont devenir de plus en plus espacés, les nettoyages en profondeur hebdomadaires vont devenir mensuels et finalement annuels. Au début je peux concevoir que vous soyez amusé par l’idée de vous enfermer dans votre bureau pour astiquer vos chaussures en fumant un cigare tout en écoutant de la musique et en sirotant un cognac Louis XIII, mais plus les années passent et plus cela se transforme en excuse pour se pinter la ruche tranquillement sans avoir à supporter autrui. En réalité, après quelques années vous allez avoir tendance à balancer vos pompes dans un placard et à ne vous en soucier que si vous voulez les porter. Et puis un jour vous allez vous sentir coupable, ou vous allez avoir votre première paire bespoke et c’est alors vous recommencez le cycle jusqu’à ce que chacune de vos paires soient irréprochables. Au final l’entretien c’est un peu comme un bouquin fétiche. On le ponce jusqu’à la nausée et puis on le met de côté, presque à l’oublier. Jusqu’au jour où on le reprend et en voulant simplement parcourir les premières pages on se retrouve à le lire intégralement. Oui l’entretien est fastidieux mais comme il s’agit d’un passage inévitable autant en expliquer les bases surtout que vos parents, particulièrement s’ils sont de la génération 68, étaient trop occupés à militer en faveur des rouges et de la pédophilie pour vous apprendre à vous démerder dans la vie.

Avant de commencer, il est inutile de venir chouiner dans les commentaires pour dire “gnagna moi je fais pas comme ça”, d’une part je n’en ai absolument rien à cogner, d’autre part il n’existe pas une seule et unique façon de procéder mais des dizaines. Cet article a pour but d’être le plus complet possible et va donc couvrir l’entretien courant comme le décrassage intégral tel que certaines paires de seconde main peuvent en avoir besoin, à vous de piocher ce qui vous intéresse et d’utiliser la table des matières. Je décline également toute responsabilité si vous flinguez vos chaussures, les produits et techniques décrites sont normalement sans risques mais prudence est mère de sûreté.

Les principes

Le savoir de base

Quelle est la différence entre le cirage et le crémage ?

La majorité des gens s’imaginent qu’il faut “cirer” les chaussures à la Kiwi pour les entretenir. Les vendeurs de pompes en boutique ont tendance à entretenir ce mythe et essayent régulièrement de refiler une boite de cirage de leur marque aux clients les moins attentifs. Dès lors ces gens tombent des nues quand on leur explique qu’il existe deux produits différents que sont la pâte et la crème et que c’est ce dernier qu’il faut utiliser. La confusion est entretenue par des marques comme Saphir qui vendent les deux produits sous le label cirage, probablement pour ne pas être en décalage avec cette idée ancrée dans la société qu’il faut cirer les pompes. La crème est un produit semi solide qui va pénétrer en profondeur le cuir, afin de l’hydrater ou de le nourrir, c’est la même chose. Ce faisant la crème évite que le cuir ne se dessèche craquèle et finalement craque.
La pâte ("cirage"), est un produit plus dense que la crème qui va rester en surface et qui sert surtout à faire briller le cuir, mais qui dans une certaine mesure va également offrir une forme de protection contre les intempéries et les saletés. La pâte est également utilisée pour réaliser des glaçages, sujet que l’on ne va pas traiter dans cet article.
Il est impensable d'utiliser seulement de la pâte sans jamais crémer. Le cuir va devenir sec et finira par craquer car la pâte assèche le cuir. L’utilisation de la pâte est donc totalement facultative et relève d’une préférence personnelle plutôt que d’un réel besoin pour le cuir.

La pâte (à gauche) sert à faire briller et glacer, la crème (à droite) sert à nourrir le cuir. (Source: Sartorialisme)
La pâte (à gauche) sert à faire briller et glacer, la crème (à droite) sert à nourrir le cuir. (Source: Sartorialisme)
Quelle couleur choisir pour les crèmes et les pâtes ?

Le principe de base est de prendre une teinte légèrement plus foncée que celle des chaussures mais ça n’est pas une obligation. Il est possible de jouer avec les teintes et il existe quelques astuces. Par exemple pour donner un effet patiné à une paire de couleur bordeaux il peut sembler naturel d’utiliser du noir alors qu’en réalité cela produira un résultat “sale” assez peu réussi, et l’effet est beaucoup plus convaincant en utilisant du bleu marine. Vous pouvez en revanche utiliser du noir sur les coutures pour les faire ressortir.

Le matériel nécessaire pour l’entretien

Pour entretenir vos souliers vous aurez besoin d’un équipement de base, je ne liste ici que le minimum nécessaire à l’entretien du box calf classique, les autres cuirs seront traités à part.

- La crème : elle sert à nourrir le cuir, l’hydrater. Elle existe sous deux formes chez Saphir à savoir qu’il y a la surfine et le pommadier Médaille d’Or (MO). D’autres marques sont disponibles ailleurs (Boot Black, Colonil...)

- Les brosses : il est préférable d’en avoir au moins trois. Un décrottoir, une pour les noirs, l’autre pour les marrons, ça n’est pas raciste. Il existe différents types de crins : cheval, sanglier… mais on en trouve aussi en poil de chèvre par exemple. La règle de base est la suivante, plus le crin va être rigide plus on aura tendance à utiliser cette brosse pour le décrottage, plus il est doux et plus on aura tendance à l’utiliser pour le lustrage. La brosse à reluire par excellence est toujours en poil de Jacomet.

- Un chiffon : de préférence en 100 % coton, si vous avez une chemise Lanieri c’est l’occasion idéale de lui trouver une utilité à la hauteur de sa qualité. Fonctionne également avec un t-shirt BG/Asphalte.

-La pâte ("cirage") : elle est facultative pour l’entretien mais devient obligatoire si vous voulez faire un glaçage. Il en existe un peu partout, évitez tout ce qui contient du silicone genre Kiwi “parade gloss”, c’est de la merde.

Le matériel de base pour l'entretien. À vous de construire votre kit selon vos besoins, vous pouvez parfaitement substituer ou ajouter des pièces, mais vous avez ici tout ce qu'il faut pour nettoyer et nourrir le cuir. La pâte (cirage) n'est pas obligatoire. (Source: Sartorialisme)
Le matériel de base pour l'entretien. À vous de construire votre kit selon vos besoins, vous pouvez parfaitement substituer ou ajouter des pièces, mais vous avez ici tout ce qu'il faut pour nettoyer et nourrir le cuir. La pâte (cirage) n'est pas obligatoire. (Source: Sartorialisme)
Les produits à manier avec précaution

Absolument tous les produits sont à manier avec un certain niveau de précaution (j’insiste), mais certains sont plus agressifs que d’autres et peuvent rapidement conduire à des catastrophes s’ils ne sont pas utilisés correctement.

- La crème universelle ou crème essentielle : elle sert de couteau Suisse de l’entretien mais est la source de nombreux problèmes en raison d’un pouvoir décapant souvent sous-estimé.

- Le Reno'Mat (ou Renomat) : un produit qui sert à décrasser en profondeur mais qui peut également décaper le cuir avec un peu d’effort.

- les solvants organiques : acétone, essence de térébenthine, alcool isopropylique... Ils ont la même fonction que le Reno'Mat et permettent de nettoyer le cuir en profondeur, mais peuvent également le décaper très rapidement.

- L'huile de vison, l'huile de pied de bœuf, la graisse... : produits au très fort pouvoir nourrissant, en grande quantité ils peuvent trop assouplir le cuir et le déformer. À ne jamais utiliser sur les exotiques comme le crocodile ou le caïman sous peine de les tâcher de manière définitive.

Tous les produits d'entretien sont à manier avec précaution, mais certains risquent d'avoir des conséquences néfastes s'ils sont mal utilisés. (Source: Sartorialisme)
Tous les produits d'entretien sont à manier avec précaution, mais certains risquent d'avoir des conséquences néfastes s'ils sont mal utilisés. (Source: Sartorialisme)
Fréquence d’entretien

C’est une question difficile puisqu’elle dépend de l’usage des souliers, mais également de la qualité de la peausserie utilisée etc etc. Il est recommandé de donner un premier grand décrassage à une paire lors de son achat. Les chaussure (dès le milieu de gamme) font en général l’objet d’un “bichonnage” avant de quitter l’usine où elles sont fabriquées durant lequel les ouvriers appliquent des cires et autres produits sur la chaussure afin de la rendre attractive au client. Le problème c’est que vous ne savez pas combien de temps s’est écoulé entre le moment où la chaussure a quitté l’usine et le moment où vous l’avez achetée, elle peut entre-temps avoir été stockée dans un coin pendant des mois sans que vous n’en sachiez rien. L’autre problème est que vous ne savez pas exactement ce qui a été utilisé par l’usine lors du bichonnage. Il est donc préférable de commencer sur une base saine et de décrasser complètement la chaussure.

En fonction de l’usage que vous faites de vos chaussures il est ensuite recommandé de faire un crémage environ tous les 15 jours pour des souliers portés très régulièrement et un crémage tous les 2 mois pour des souliers portés occasionnellement. Il est ensuite recommandé de faire un grand nettoyage une fois l’an. Le plus important n’étant pas de se fixer sur un calendrier mais d’observer l’état du cuir et de voir s’il a besoin d’être nourri ou non.

Entretien commun à toutes les chaussures

Dans cette partie nous allons essentiellement traiter des parties autres que la tige qui peuvent demander un entretien plus ou moins régulier.

Entretien de l’intérieur de la chaussure

Nous allons tout d’abord aborder un point qui n’est jamais mentionné par tous les spécialistes des zinternet, ça vaut également pour certains débilos de private label et autres influenceurs qui savent manier un bilan comptable plutôt qu’une alêne. Remarquez que ça n’est pas surprenant, ils sont souvent fringants à l’extérieur et moisis de l’intérieur.

Quand j’ai demandé il y a des années de cela à mon mentor ce qui faisait la durabilité d’une chaussure, il m’a répondu que c’était la température des pieds du client. C’est une réponse qui peut surprendre mais que j’ai eu l’occasion d’entendre chez plusieurs autres bottiers à travers les ans, dont certains sont aujourd’hui nonagénaires et ont plus de 50 ans d’expérience parfois acquise dans les plus grandes maisons. C’est bien évidemment une façon polie de parler de sudation. La transpiration et le cuir ne font pas bon ménage, c’est quelque chose qui est assez connu chez les amateurs de voitures de luxe à intérieur cuir, moins chez les calcéophiles alors que c’est pourtant dans leur intérêt.

Certaines personnes ont “les pieds chauds” et d’autres ont les “pieds froids”, comprendre par-là que certaines personnes transpirent beaucoup alors que d’autres transpirent peu. La transpiration est extrêmement mauvaise pour le cuir notamment en raison de son acidité et du sel qu’elle contient. Non seulement la sueur va brûler le cuir et à la longue le fragiliser, mais elle va également réagir avec les différents éléments en métal qui sont utilisés aujourd’hui dans la fabrication de souliers industriels (agrafes, clous, pointes, cambrion…) et provoquer leur corrosion. Corrosion qui à son tour va interagir avec le cuir et faire pourrir la chaussure de l’intérieur. Ça n’est pas pour rien qu’au Mexique ou qu’au Sud des États-Unis (surtout au Tegzas) les bottes de cow-boy à montage traditionnel sont chevillées avec des pointes de citronnier.
D’où l’importance des embauchoirs qui vont servir à absorber une partie de la sudation et de ne jamais porter la même paire deux jours de suite. Mais cela ne suffit pas, il faut passer un coup de chiffon humide ou d’éponge à l’intérieur de la chaussure au minimum une à deux fois par an. Certains vont plus loin et vont imbiber leur chiffon d’alcool isopropylique ce qui est également une solution valable. Peu importe la solution que vous décidez d’adopter, il faut ensuite nourrir le cuir. Car bien que de nombreuses marques vous refilent des doublures en cuir naze de Chine, d’Inde ou du Brésil ça n’en reste pas moins du cuir et il important de l’entretenir de la même façon que le cuir de tige.
Pour nourrir la doublure vous avez l’embarras du choix, vous pouvez utiliser le rénovateur Saphir médaille d’or, la crème surfine incolore 02, ou encore la lotion médaille d’or. Peu importe le produit que vous choisissez d’utiliser, il faut l’appliquer avec parcimonie et pas plus d’une à deux fois par an.

L’entretien des lisses et du talon

L’entretien des lisses est réservé aux amateurs très avertis, mais avec la disparition progressive des cordonniers traditionnels je partage au moins quelques éléments afin de permettre à ceux que ça intéresse d’en apprendre plus.
Normalement l’application de la déforme est une étape réservée au cordonnier, qui dispose en général d’un poste à déforme sur son banc de finissage. Un bon cordonnier pourra s’occuper de vos lisses rapidement et pour trois fois rien, mais si vous habitez en province vous n’avez peut-être pas cette chance. Et encore estimez-vous heureux, dans certains pays comme les États-Unis beaucoup n’ont pas le choix et doivent s’occuper de cela eux même puisqu’il y a au mieux 10 cordonniers compétents pour tout le pays…. Les lisses n’ont en général pas besoin de beaucoup d’entretien, un crémage régulier est normalement très largement suffisant. Sauf si vous avez des paires qui sont très usées ou qui sont dédiées à des utilisations spéciales, je pense par exemple à la neige. Les paires que je réserve à une utilisation hivernale sont exposées régulièrement à la neige et au sel ce qui a tendance à très rapidement faire perdre sa teinte aux lisses. Il existe dès lors deux options, la première consiste à utiliser des petits flacons de teinture pour lisse ou des crayons réparateurs. La seconde est la déforme traditionnelle. Les flacons applicateurs existent sous plusieurs marques, mais il s’agit toujours d’un flacon plastique avec tampon applicateur de très petit conditionnement, les marques Fiebing’s ou Tarrago en proposent, mais vous en trouvez également chez l’immonde marque Kiwi. Dans tous les cas c’est le même principe, il suffit de très bien nettoyer la lisse, et d’appliquer. Le crayon réparateur fonctionne sur le même principe, et est trouvable chez la marque Woly sous le nom de “heel renovator”. J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’une solution plus ou moins temporaire en attendant que vous puissiez avoir accès à un cordonnier ou que vous appreniez à appliquer de la déforme proprement.

L’application de la déforme est difficile et demande de la minutie ainsi que de la patience. Je ne vais pas en décrire le processus d’application en détail ici puisque ça n’est pas ce qu’il y a de plus visuel et ça n’est de toute façon pas le but de cet article. Sachez seulement que dans le cas d’une finition artisanale il faut procéder à un verrage de la lisse, appliquer la déforme, passer un fer à lisse… Sachez également que si vous êtes à la recherche de déforme cette dernière est généralement vendue au litre aux cordonniers mais qu’elle est très difficile à conserver car elle sèche rapidement. Il est possible d’en acheter dans des quantités plus petites, par exemple Saphir vendent de la déforme au millilitre sous le nom de “teinture cirante Tanil”. On trouve également de la déforme avec applicateur et en petit conditionnement chez la marque Allemande Top Finish.

Flacons de teinture Fiebing’s pour lisse et talon et deux flacons de déforme traditionnelle. La déforme existe en noir, marron et incolore. (Source: Sartorialisme)
Flacons de teinture Fiebing’s pour lisse et talon et deux flacons de déforme traditionnelle. La déforme existe en noir, marron et incolore. (Source: Sartorialisme)

Entretien de la semelle

Les semelles en caoutchouc deviennent de plus en plus communes et ont l’avantage de ne demander aucun entretien particulier. Les semelles en crêpes sont extrêmement salissantes et peuvent se nettoyer avec une brosse à dent et du savon de Marseille mais surtout pas de solvants.
En ce qui concerne les semelles en cuir, il y a ceux qui font poser un patin et un fer, ceux qui ne le font pas et ceux qui ne posent que l’un des deux. Nous n’allons pas aborder cette question aujourd’hui puisque nous lui consacrerons éventuellement un article.
En revanche sachez qu’il existe différents produits d’entretien destinés aux semelles en cuir mais tout ce qui touche à l’entretien des semelles a tendance à se transformer rapidement en débat interminable. C’est comme parler patin avec un vendeur Weston, il n’y a pas de fin.

Avant toute chose sachez que les semelles de qualité (donc le croupon à tannage lent de première qualité provenant de Baker, Bastin, Garat…) est à la fois souple et rigide. C’est un cuir résistant comme Pétain et toute tentative de trop le nourrir va le ramollir, ce qui est contreproductif. Bien évidemment ce qui est valable pour ces cuirs est également valable pour le cuir de semelle absolument immonde que l’on trouve sur énormément de paires d’entrée/milieu de gamme.

Chez Saphir on trouve “l’huile semelle” dans la gamme médaille d’or, plus communément appelée Sole Guard. Le nom Anglais me laisse penser à une huile de serpent à destination du marché Anglophone qui est assez client de ce genre de gadgets un peu débiles. Il s’agit d’une une huile protectrice 100% végétale qui imperméabilise le cuir et empêche l'eau et le sel de pénétrer et de faire gonfler la semelle. Enfin, ça c’est la version officielle, personnellement j’ai essayé sur quelques paires pour voir s’il y avait un effet notable et après plusieurs années, j’en doute encore. Je ne suis pas encore tombé sur un cordonnier (réputé) qui en vante les mérites, mais j’ai en revanche trouvé des cordonniers qui ont vu des semelles totalement ramollies par l’utilisation de ce genre de produit (il existe également un équivalent chez Burgol et Tapir) ce qui confirme que s’il faut l’utiliser, c’est avec parcimonie. Quand je vois que Kirby Midas Allison vend ce machin 30$ j’ai tendance à penser que c’est simplement un attrape couillon, mais encore une fois quand on voit la vitesse à laquelle la qualité du cuir de semelle qui est utilisé par beaucoup de marques décroit, on peut comprendre que certains s’en vouent aux huiles saintes et aux incantations magiques pour espérer prolonger la vie de leurs semelles. Si certains ont de bonnes expériences avec ces produits tant mieux pour eux, mais j’ai tendance à les considérer comme à manipuler avec précaution voire à les éviter et à leur préférer un patin.

Il existe chez Weston une graisse à base de matières d’origine animales et de cires d’abeille qui sert à nourrir les semelles. Pour une raison qui m’échappe cette graisse est uniquement trouvable en boutique, et il me semble que c’est une graisse exclusivement fabriquée pour la marque. Je ne l’ai pas utilisée depuis une éternité puisque je fais poser des patins sur l’intégralité de mes souliers, en revanche à l’époque où je l’utilisais j’avais remarqué qu’elle avait l’avantage de ne pas ramollir le cuir. C’est à mon sens la meilleure option pour ceux qui veulent nourrir leur cuir de semelle sans prendre trop de risques, à condition que le produit soit resté le même.

Le sole guard de Saphir a également l’inconvénient d’être liquide, ce qui rend sont application moins pratique que celle d'une graisse. (Source: Sartorialisme)
Le sole guard de Saphir a également l’inconvénient d’être liquide, ce qui rend sont application moins pratique que celle d'une graisse. (Source: Sartorialisme)

L’entretien des lacets

Il n’est pas spécialement nécessaire d’entretenir les lacets cirés des chaussures de ville, toutefois il n’est pas une mauvaise idée de les passer de temps en temps à la cire, cela permet d’assurer leur maintien. Vous avez là aussi plusieurs solutions, personnellement j’utilise un simple pain de cire d’abeille mais vous pouvez également utiliser le cirage “pâte de luxe” de Saphir. Il suffit de mettre un peu de pâte incolore sur un chiffon et de pincer le lacet tout en le tirant vers le haut. Vous répétez cette opération plusieurs fois et vous laissez reposer un peu avant de recommencer, mais cette fois sur un coté du chiffon qui ne comporte pas de cirage afin d’enlever l’excédent.

L'entretien de la tige et de la trépointe

Avant de commencer il est important de préciser deux choses.

La première est que je vais essentiellement parler des produits Avel/Valmour/Saphir (tout ça c’est le même groupe) car je les connais et les utilise depuis des années et en plus comme dirait l’autre “pas mal non ? C’est Français” alors autant en profiter. Cela étant dit rien ne vous empêche d’aller voir les produits Colonil, Famaco ou Boot Black, la marque Japonaise qui ferait presque passer les produits Saphir pour bon marché, il n’y a rien de problématique avec ces marques. Le plus important est d’éviter les produits qui contiennent du silicone. Si vous décidez d’utiliser les produits Saphir souvenez-vous qu’il existe la gamme “normale” et la gamme Médaille d’Or. Elles ne sont pas nécessairement très différentes, en dehors du prix et en général un produit qui est présent dans l’une des gammes est également présent dans l’autre, sous un autre nom et avec une formule chimique légèrement différente. L’effet est plus ou moins le même. Si l’on prend par exemple le pommadier MO et qu’on le compare à la surfine vous allez remarquer une différence dans le nuancier, dans la texture, ou encore dans les solvants employés, mais au final le pouvoir nourrissant est similaire.

La seconde est qu’il n’est pas nécessaire d’investir dans beaucoup de produits pour entretenir vos chaussures, même dans le cas d’un grand nettoyage annuel. Le minimum dans ce cas est une bassine, de l’eau claire, une éponge, du savon de Marseille, une brosse et un pot de crème Surfine ou MO et c’est tout, comme nous allons le voir maintenant.

À gauche vous avez la crème surfine à droite la crème 1925, également appelée pommadier. En dehors d'un nuancier et d'une composition différentes les deux produits font la même chose. Il s'agit avant tout d'une histoire de prix et de préférence. (Source: Sartorialisme).
À gauche vous avez la crème surfine à droite la crème 1925, également appelée pommadier. En dehors d'un nuancier et d'une composition différentes les deux produits font la même chose. Il s'agit avant tout d'une histoire de prix et de préférence. (Source: Sartorialisme).

L’entretien annuel, première méthode

Cette technique est valable pour le box calf mais peut également fonctionner pour le veau velours.
Pensez à brosser vos chaussures avant de les immerger afin d’enlever le maximum de poussière, ensuite vous pouvez tremper vos chaussures dans une bassine d’eau tiède (j’insiste, mieux vaut une eau un peu froide que trop chaude), cela fonctionne également pour les trouvailles de seconde main à l’entretien douteux. Il n’y a pas vraiment de règle sur la façon de procéder, vous pouvez laisser vos chaussures immergées dans l’eau pendant 20 minutes ou plus comme vous pouvez simplement faire couler de l’eau dessus de façon abondante sans les immerger totalement. Si vous êtes vraiment frileux vous pouvez simplement passer une éponge humide plutôt que d’immerger les chaussures.

Une fois la chaussure bien mouillée vous les nettoyez avec une éponge savonneuse. Pour éviter les problèmes il est préférable d’utiliser du savon de Marseille traditionnel tout ce qu’il y a de plus simple. Une fois que vous avez bien nettoyé l’extérieur de la chaussure vous pouvez en profiter pour nettoyer l’intérieur également. Une fois cette opération réalisée rincez abondamment les chaussures à l'eau tiède pour enlever le savon.

Mettez ensuite les chaussures sur des embauchoirs bien adaptés à la forme et laissez sécher dans un endroit sec, loin des radiateurs. Quand vous faites sécher des chaussures, peu importe si c’est après une averse ou un nettoyage, n’ayez pas de source de chaleur à proximité. Vous pouvez remplacer les embauchoirs toutes les 3 ou 4 heures pour accélérer le processus de séchage. Une fois que les souliers sont parfaitement secs vous pouvez ensuite les crémer soit à la surfine ou à la MO. Pour le crémage ayez l’habitude de toujours passer sur la trépointe afin de nourrir la couture. Essayez de ne pas tartiner la paire, si vous n’avez pas de palot il est tout à fait possible d’utiliser un chiffon pour appliquer la crème. Laissez ensuite sécher et lustrez avec un chiffon ou une brosse. Si jamais vous en avez envie vous pouvez ensuite passer une couche de pâte de luxe pour augmenter la brillance.

L’entretien annuel, seconde méthode

Cette technique est valable pour le cuir box classique.

Cette méthode est similaire à la précédente, sauf qu’elle utilise un solvant plutôt que de l’eau et du savon. Comme pour la méthode du bain d’eau il faut brosser vos chaussures afin de les débarrasser de toute poussière.

Utilisez ensuite du Reno'Mat en petite quantité sur un chiffon pour enlever les anciennes couches de crème et/ou de cirage. Il est important de frotter sans appuyer et de ne pas utiliser trop de produit à la fois, le plus simple est de mettre le chiffon directement sur le goulot de la bouteille et de l’humidifier très rapidement. Dans le cas où vous êtes en train de travailler sur une paire d’occasion, il est possible que le précédent propriétaire ait tartiné la chaussure de cirage, dans ce cas l’acétone ou l’alcool isopropylique sont des alternatives plus agressives que le Reno'Mat. En fonction de la couche de cirage, c’est un travail qui peut demander plusieurs heures. Parfois il sera nécessaire de décaper la paire et de la reteindre ensuite, certains cirages anciens formant pratiquement une sorte de goudron sur la chaussure. Si jamais la paire doit être décapée, il faut alors utiliser la teinture Française de Saphir pour la recolorer mais on dépasse le cadre de l’entretien et on entre vraiment dans de la restauration.

Une fois que la chaussure est débarrassée de toutes les anciennes couches de crème il est important de la laisser reposer pendant une vingtaine de minutes. Les solvants ont tendance à assécher le cuir vous pouvez ensuite utiliser le rénovateur à l’huile de vison, ou la lotion Saphir afin de nourrir le cuir en profondeur. N’en abusez pas, puisque la prochaine étape consiste à appliquer de la surfine qui a également un pouvoir nourrissant. Insistez bien sur les plis d'usure pour les repasser et ainsi les atténuer. Une fois la surfine appliquée, laissez le soulier sécher et lustrez avec un chiffon ou une brosse. Là aussi vous pouvez ensuite passer une couche de pâte de luxe pour plus de brillance.

Vous pouvez faire des substitutions ou des ajouts mais voilà le matériel de base nécessaire pour l'entretien en profondeur. (Source: Sartorialisme)
Vous pouvez faire des substitutions ou des ajouts mais voilà le matériel de base nécessaire pour l'entretien en profondeur. (Source: Sartorialisme)

L’entretien régulier

Dans le cadre de l’entretien régulier on utilise une version raccourcie de la technique énoncée ci-dessus, il suffit en général de bien brosser le soulier afin de le débarrasser de toutes les impuretés et autres poussières et d’appliquer ensuite de la surfine. Avant de mettre de la surfine certains décrassent la chaussure avec un peu de crème universelle, c’est une question de choix. Là encore respectez bien les temps de séchage et lustrez avec une brosse ou un chiffon.

L'entretien régulier nécessite surtout du brossage. Vous pouvez même ajouter une brosse à reluire en poil de Jaco ou en poil de chèvre, c'est la même chose. (arrière plan, à gauche). (Source: Sartorialisme)
L'entretien régulier nécessite surtout du brossage. Vous pouvez même ajouter une brosse à reluire en poil de Jaco ou en poil de chèvre, c'est la même chose. (arrière plan, à gauche). (Source: Sartorialisme)

Les cas particuliers

Le cuir gras

Le cuir gras est un cuir qui est aisément reconnaissable par son aspect mat et qui demande relativement peu d’entretien.
Comme toujours il est important de commencer par bien brosser le soulier. Une fois cette étape effectuée vous pouvez graisser le cuir à l’aide de différents produits Saphir, il existe la “graisse de phoque” ou le baume "étalon noir" mais vous pouvez également utiliser leur “crème cuir gras”.

À noter que vous pouvez entretenir un cuir gras comme un cuir box, mais dans ce cas vous allez perdre les avantages du cuir gras, je ne vois donc pas l’intérêt.

Le cuir gras est simple d'entretien. Il existe plusieurs options pour la graisse mais la Dubbin (incorrectement appelée graisse de phoque) est la plus courante. Elle existe en incolore. Vous pouvez utiliser une brosse à dent pour la trépointe. (Source: Sartorialisme)
Le cuir gras est simple d'entretien. Il existe plusieurs options pour la graisse mais la Dubbin (incorrectement appelée graisse de phoque) est la plus courante. Elle existe en incolore. Vous pouvez utiliser une brosse à dent pour la trépointe. (Source: Sartorialisme)

Le veau velours

Le veau velours comme le nubuck demande très peu d’entretien surtout si vous avez l’intelligence de le choisir foncé, le veau velours clair étant plus salissant et surtout plus plouc. Une fois que vous achetez vos souliers pensez à les faire imperméabiliser à l’aide de la bombe imperméabilisante Saphir (opération à réaliser tous les ans environ). Il suffit ensuite d’entretenir le cuir à l’aide de deux brosses. La brosse en crêpe sert pour l’entretien courant, la brosse en laiton sert pour l’entretien annuel. Certains trouvent la brosse en laiton trop agressive et préfèrent ne pas l’utiliser.
Comme pour toutes les chaussures il est parfaitement possible d’utiliser une brosse en crin pour le dépoussiérage. Si jamais vous avez une tâche de gras sur vos souliers elle peut être efficacement traitée si elle est rapidement recouverte de terre de Sommières, que l'on laissera agir au moins 24 heures. Il peut être intéressant d’utiliser un gommadin pour traiter les petites tâches surtout si la paire est claire. Quand le veau velours commence à vraiment trop perdre sa teinte il est possible de lui donner un coup de spray rénovateur, ce dernier existe dans plusieurs couleurs différentes.

Le veau velours est extrêmement simple d'entretien. La brosse en laiton (à gauche) est optionelle. (Source: Sartorialisme)
Le veau velours est extrêmement simple d'entretien. La brosse en laiton (à gauche) est optionelle. (Source: Sartorialisme)

Le cordovan

Le cordovan est un cuir très gras qui demande peu d’entretien, le plus important est de brosser le cuir énergiquement de façon occasionnelle. Saphir ont une crème pommadier spéciale cordovan que vous pouvez utiliser une à deux fois l’an mais il est inutile de l’utiliser de manière plus régulière. Si vous récupérez une paire en cordovan de seconde main et qu’elle est très encrassée par des couches de crème, vous pouvez passer la paire au Reno'Mat, cela ne pose pas de problème si c’est fait correctement.
Vous pouvez également investir dans un os de cerf, il sert notamment à atténuer les plis du cordovan, et fonctionne très bien mais demande de fournir un effort assez long. Cela permet aussi d’effacer les traces laissées par l’eau de pluie.

Si vous faites le choix d'utiliser de la crème sur votre cordovan, assurez-vous qu'elle est adaptée. N'utilisez pas non plus cette crème sur le box. (Source: Sartorialisme)
Si vous faites le choix d'utiliser de la crème sur votre cordovan, assurez-vous qu'elle est adaptée. N'utilisez pas non plus cette crème sur le box. (Source: Sartorialisme)

Les cuirs exotiques

Le cuir exotique recouvre beaucoup de matières différentes, et il est inutile d’évoquer les spécificités du cuir de baleine, de requin ou d’éléphant tant il est rare de rencontrer ces peaux. Le crocodile, le caïman et le lézard s’entretiennent avec une simple brosse et avec la crème Reptan de Saphir. Cette crème est à appliquer avec parcimonie et avec un chiffon. N’utilisez en revanche jamais d’huile de vison sous peine de tâcher le cuir de façon pratiquement définitive. Si la paire devient trop encrassée il est parfaitement possible de passer un coup de Reno'Mat mais cela assèche en général assez fortement les peaux de reptiles, il faut donc penser à bien nourrir le cuir par la suite.

Le Reptan est l'équivalent de la surfine mais pour les exotiques. (Source: Sartorialisme)
Le Reptan est l'équivalent de la surfine mais pour les exotiques. (Source: Sartorialisme)

Les cuirs rectifiés (bookbinder, etc...)

Un coup d’éponge humide et c’est marre. Le cuir était protégé par une couche de matière plastique il n’est pas possible de le nourrir.