Méthodes de fabrication dans la maroquinerie: les finitions de tranche

Note: Cet article est disponible depuis Mars sur notre Patreon, nous soutenir via Patreon nous permet de proposer plus de contenu et vous donne accès aux articles en avance, mais donne également accès à des articles exclusifs.

Voilà un sujet qui pourrait paraître bien trivial, pourquoi alors lui consacrer un article ? Tout simplement car nous nous sommes aperçus avec notre article « état des lieux dans la maroquinerie » que beaucoup de gens n’avaient pas la moindre idée de comment est fabriqué la maroquinerie et ignorent plus ou moins ce qui permet de différencier les produits ou de déterminer leur valeur.

En maroquinerie les tranches ne sont normalement pas laissées nues, car en plus d’être inesthétique cela diminue la longévité du produit final. Je dis bien normalement car vous trouverez toujours des escrocs qui sous prétexte de “rusticité” vendent des produits volontairement mal fabriqués ou à moitié terminés. Ce genre de ploucs pullulent sur Youtube, je ne compte pas le nombre de gogoles qui se prétendent “artisans” parce qu’ils mettent du Tokonole sur des tranches et frottent un peu fort ou qui font des vidéos ultra pute à clic “comment fabriquer un portefeuille Hermès pour $70”. Notez que c’est rigolo de se moquer d’Hermès, encore faut-il en avoir les moyens. Cela vaut également pour la multitude d’entreprises de maroquinerie industrielle (en private label ou non) qui existe en France et qui avec leurs produits bâclés “haut de gamme” s’adresse aux bobos urbains.

La finition des tranches en maroquinerie est une étape particulièrement importante car elle permet dans certains cas de juger immédiatement de l’attention au détail qui est portée à un produit et donc de sa qualité. C’est donc un “outil” intéressant pour le consommateur, puisque de nos jours les grands groupes du luxe pratiquent des prix toujours plus exorbitants pour leur maroquinerie. Est-ce que vous payez pour du savoir-faire et de la finesse ou est-ce que vous payez avant tout une image ? Bien évidemment cette question est rhétorique et nous savons tous que la plus grande part du prix est constitué par la marque. Néanmoins, quels sont les fabricants qui vous prennent pour des dindons complets (souvent à juste titre), et ceux qui ne se foutent pas totalement de votre tronche ? Les marques savent parfaitement le temps qu’il faut pour réaliser des belles tranches, mais elles savent également que la majorité des clients ignorent ce point quand ils ne s’en foutent pas tout simplement, obnubilés qu’ils peuvent être par un logo et le soi-disant prestige social qu’il apporte.

Il existe différentes façons de finir les tranches (également appelées bords, sinon ça va devenir monotone) et chacune a ses avantages et inconvénients. Bien évidement toutes ces finitions ne se valent pas, il existe, comme pour tout, une hiérarchie. Certaines demandent plus de temps et de minuties que d’autres, certaines sont plus ou moins industrialisées. Cela ne veut pas pour autant dire qu’il faille tout observer sur le plan de la technique, certaines finitions peuvent être choisie en raison de leur aspect esthétique ou en raison de contraintes techniques, le tout est de faire preuve de cohérence dans le choix de la finition et surtout de l’exécuter proprement. Le problème c’est que ça n’est bien souvent pas le cas. Car la finitions des tranches est une étape chronophage, et bien évidemment le temps c’est de l’argent. Et d’un coup, vous trouvez LE point commun entre la maroquinerie en private label pour bobos urbains et celle des marques du luxe : des tranches nazes. En même temps, comme tout ça sort bien souvent des mêmes usines, ça n’est guère surprenant.

Évolution des finitions

Traditionnellement la maroquinerie utilisait le rembord, une technique qui consiste à amincir le cuir et le “replier” sur lui-même afin de cacher la tranche, alors que la sellerie utilisait le bord franc, une technique où la coupe, l’arrête du cuir si vous préférez, est visible et est ensuite finie soit à la teinture soit via diverses techniques tels que le brunissage, une action qui vise à lisser les tranches par friction. Aujourd’hui cette distinction n’a plus lieu d’être car le bord franc est devenu extrêmement courant dans la maroquinerie et c’est pour cette raison que nous allons l’aborder en premier. D’ailleurs ne vous étonnez pas si cet article est excessivement disproportionné, le bord franc étant devenu LA norme dans la maroquinerie nous allons parler abondamment de celui-ci, notamment de sa version peinte qui est de loin la finition la plus utilisée de nos jours. Nous n’allons d’ailleurs pas (du tout) aborder toutes les jointures, les bords et les assemblages qui existent, nous allons nous concentrer sur ce que vous allez rencontrer essentiellement en maroquinerie fine.

Nous allons commencer par illustrer ce changement de « mode » afin de vous permettre de cerner de quoi il est question dans cet article.

Selle Hermès utilisant le bord franc, le bord traditionnellement utilisé en sellerie. (Source : artcurial)
Selle Hermès utilisant le bord franc, le bord traditionnellement utilisé en sellerie. (Source : artcurial)
Portefeuille du XVIIIe siècle avec un rembord très fin. Source : fleuronducuir)
Portefeuille du XVIIIe siècle avec un rembord très fin. Source : fleuronducuir)
Maroquinerie pour femme dans un catalogue de 1910, comme finition de tranche vous n’avez que du rembord. (Source : bnf)
Maroquinerie pour femme dans un catalogue de 1910, comme finition de tranche vous n’avez que du rembord. (Source : bnf)
Un portefeuille en crocodile de fabrication industrielle datant des années 50, avec un rembord. (Source: Sartorialisme)
Un portefeuille en crocodile de fabrication industrielle datant des années 50, avec un rembord. (Source: Sartorialisme)
Petite maroquinerie pour femme Cartier, de nos jours vous avez essentiellement du bord franc, c’est le cas sur tous les objets dans cette image. (Source : Cartier)
Petite maroquinerie pour femme Cartier, de nos jours vous avez essentiellement du bord franc, c’est le cas sur tous les objets dans cette image. (Source : Cartier)

La raison de l’apparition du bord franc en maroquinerie est assez simple et est liée à l’invention de la peinture de tranche, nous allons revenir là-dessus dans un instant.

Le bord franc

Le bord franc n’est pas à proprement parler une finition en elle-même puisqu’il désigne avant tout une tranche dont on voit la coupe.

Illustration concrète de ce qu’est un bord franc pour ceux qui ont un peu de mal, c’est une tranche nue où vous pouvez voir les différentes épaisseurs de cuir. Sur cette tranche une finition doit être appliquée. (Source : Sartorialisme)
Illustration concrète de ce qu’est un bord franc pour ceux qui ont un peu de mal, c’est une tranche nue où vous pouvez voir les différentes épaisseurs de cuir. Sur cette tranche une finition doit être appliquée. (Source : Sartorialisme)

Nous allons regrouper dans cette catégorie toutes les finitions qui peuvent être appliquées sur un bord franc. Il existe essentiellement deux grandes familles de finitions que l’on peut réaliser sur un bord franc. Il y la peinture de tranche et le lissage (également appelé brunissage). Nous allons commencer par parler de la peinture de tranche.

La peinture de tranche

Tout d’abord il est important de clarifier un point de vocabulaire, nous parlons bien de peinture de tranche, et non de teinture de tranche. Et il ne s’agit pas d’un point de détail de l’histoire mais bien d’une explication importante, car il est également possible de teindre les tranches, mais il s’agit alors d’une autre finition utilisant un produit différent. Je précise car les fabricants de peinture de tranche vendent souvent leur produit sous la dénomination de “teinture” de tranche, mensonge ensuite répété par littéralement TOUTE l’industrie, les revendeurs, les grands groupes du luxe, les private labels nazes, et bien évidemment nos experts en expertise favoris : les influenceurs. (Coucou les cons). Concrètement la différence entre une peinture et une teinture tient en leur pouvoir couvrant. La peinture de tranche vient recouvrir les fibres du cuir, les pigments sont déposés sur le cuir, qu’ils ne pénètrent donc pas. C’est d’ailleurs là le défaut principal de cette finition, qui peut littéralement se détacher de la tranche comme une vulgaire peau de saucisson. La teinture quant à elle est un colorant (à base aqueuse ou alcoolique) qui vient pénétrer les fibres du cuir. Contrairement à la peinture, la teinture ne se dépose pas sur le cuir, elle rentre dans les fibres et ne peut donc pas être “pelée”.

Les revendeurs parlent de “teinture de tranche”. (Source: cuirenstock)
Les revendeurs parlent de “teinture de tranche”. (Source: cuirenstock)
Cartier parle de “teinture de tranche” et propose même un service de réparation.  (Source: Cartier)
Cartier parle de “teinture de tranche” et propose même un service de réparation. (Source: Cartier)
Et enfin les influenceurs, ici Valérien Cuck, parlent également de “teinture de tranche”. Au passage 10 minutes pour l’application, c’est le temps qu’il faut en industrie, le produit est présenté comme artisanal... (Source: jamaisvulgaire)
Et enfin les influenceurs, ici Valérien Cuck, parlent également de “teinture de tranche”. Au passage 10 minutes pour l’application, c’est le temps qu’il faut en industrie, le produit est présenté comme artisanal... (Source: jamaisvulgaire)

La raison derrière ce mensonge éhonté de toute une industrie est facile à comprendre et tient tout simplement à l’image. Dans la tête du clampin lambda, la peinture s’applique sur un mur ou sur une toile, pas sur un sac Hermès à 8000€. Voilà, c’est tout. Il ne faut pas chercher plus loin. Le marché de la maroquinerie fait preuve d’une extrême préciosité notamment chez les industriels du luxe, qui tentent de justifier leurs marges exorbitantes d’une façon ou d’une autre. Alors on enjolive et tel Didier qui se change en Brigitte la peinture devient miraculeusement de la teinture. C’est juste du folklore grammatical, tout le monde utilise de la peinture. Les gens achètent de l’image alors autant leur servir des fables, ils adorent ça. Notez que cette “confusion” est également présente chez les Anglophones même si ces derniers parlent beaucoup plus ouvertement “d’edge paint”, l’un des rares cas où ils sont moins puritains que les francophones dans leur langage.

Avant d’aborder en quoi consiste la peinture de tranche nous allons expliquer rapidement d’où elle vient. Nous expliquions qu’historiquement la finition de tranche la plus commune de la maroquinerie était le rembord. Le rembord c’est deux mille cinq cents ans de civilisation occidentale, le Parthénon, l’Odyssée, Versailles, Haendel. Or les rembords sont difficiles et donc chronophage à réaliser. C’est dans l’optique d’accélérer les cadences de production que la peinture de tranche a été développée. Seulement, la peinture de tranche c’est le Mal. Tout comme le diable, elle vous susurre à l’oreille : je suis progrès ; je suis modernité ; je suis séduction. Vois ma facilité d’utilisation, admire mes teintes chatoyantes. Sans surprise, c’est aujourd’hui devenu l’une des finitions les plus chiantes et surtout les plus consommatrices en temps si on veut qu’elle soit effectuée correctement, ce qui est un amusant cas d’hétérotélie. Beaucoup de marques ne prennent donc pas la peine de finir leurs tranches proprement et vous rient à la gueule avec leurs bords dégueulasses.

La peinture de tranche est un produit bien souvent de base acrylique mélangé à de la cire et à divers produits qui varient en fonction du fabricant. Peu importe qu’il s’agisse de Giardini, Uniters, Stahl, Fenice, ce sont toutes des putes. Car une fois à l’œuvre la peinture de tranche révèle sa vraie nature : rétive sous l’homme, hypocrite avec l’applicateur, chafouine avec le support, tortillant sans cesse du cul, incapable de décider si elle va se poser ici où là. Bien évidemment, certaines sont plus putes que d’autres. Giardini est la plus vicelarde du lot. Uniters et Stalh, les plus dociles. Fenice, entre les deux. Mais ça n’est pas tout, non seulement la peinture de tranche est une pute, mais c’est une pute de luxe : elle ne tolère pas la médiocrité. Elle exige le mariage en blanc, même après 30 ans de rue Saint-Denis. La peinture de tranche s’applique lors d’un long processus contenant plusieurs étapes dont l’astiquage (ça n’est pas sale). Nous allons vous expliquez cela en détails.

La longueur du processus est l’une des raisons pour laquelle la vaste majorité des tranches peintes que vous allez trouver sur le marché sont médiocres, puisque pour économiser du temps de plus en plus de marques utilisent des machines, qui ne donnent pas un bon résultat. Mais il faut aussi prendre en considération que l’opération demande également de la minutie. Il existe d’ailleurs des astuces chez les industriels du luxe (Vuitton et compagnie) afin de faciliter la tâche à leur main d’œuvre d’handicapés mais chaque chose en son temps. Il est bien évident que chaque entreprise (et chaque artisan) à sa propre façon de procéder, car vous l’ignorez certainement, mais les fabricants de ces peintures de Satan sont assez vagues quant à la façon dont vous êtes censés les utiliser. Il s’est dès lors développé une sorte de religion secrète de l’application de la peinture de tranche à mi-chemin entre le culte de Cthulhu et le maraboutage qui promet santé + réussite + retour de l'être aimé en 24 h Chrono. Sérieusement, je ne compte plus le nombre de tutoriaux, conseils, astuces et autres trucs que l’on voit passer sur le sujet. Il est donc entendu que je ne présente pas ma manière de faire, mais celle qui est plus ou moins la plus répandue au sein des adorateurs de ChtulUniters. Tout d’abord, il faut préparer les tranches et agiter légèrement les fibres du cuir avec du papier de verre. Ensuite vous pouvez optez pour l’application d’une sous-couche spéciale (un primer), mais même là, ça n’est pas un choix qui est canon. Certaines liturgies l’imposent, d’autres l’interdisent. Une fois la sous-couche appliquée, vous pouvez mettre votre première couche de peinture. À partir de là trois étapes principales se succèdent et vont se répéter jusqu’à l’obtention du résultat désiré. Il faut poncer la peinture, la lisser à l’aide d’un fer à fileter et enfin appliquer une nouvelle couche. C’est cela qu’on appelle l’astiquage. Vous devez répéter ces 3 opérations, dans cet ordre jusqu’à obtenir un bord qui soit légèrement bombé et lisse au toucher comme à la vue. Il n’est pas rare de devoir répéter toutes ces opérations au moins 3 ou 4 fois de suite. Tout en laissant le temps à la peinture de sécher entre les différentes couches, ce qui peut prendre 40 minutes pour la première couche et 20 minutes pour les couches suivantes. Et forcément, la peinture étant comme nous l’avons établi une pute, s’il fait froid et humide dans votre atelier la durée de séchage peut être multipliée par deux.

Application d'une peinture de tranche à la main. (Source: ksblade)
Application d'une peinture de tranche à la main. (Source: ksblade)
La tranche de notre porte-carte, entièrement réalisé à la main. (Source: Sartorialisme)
La tranche de notre porte-carte, entièrement réalisé à la main. (Source: Sartorialisme)

Bien évidemment, toutes des étapes répétitives, ces histoires de séchage interminable c’est du temps perdu. Et le temps perdu c’est de l’argent qui n’est pas gagné, et donc de l’essence en moins dans les jets des grands de ce monde. Et de l’essence en moins c’est autant moins d’occasion pour eux de se rendre à leurs ballets ros… pardon, parties fin… euh, non, galas de charité, c’est ça le mot que je cherchais. Quelle tristesse. Aujourd’hui la vaste majorité des usines (petites comme grandes) sont équipées dans le but d’automatiser au maximum le processus de peinture des tranches. Des accélérateurs sont ajoutés aux peintures afin de les faire sécher plus vite, des agents chimiques sont ajoutés pour bomber les tranches artificiellement (on parle de bombeur de tranche), des fours permettent ensuite d’expédier encore plus rapidement le processus, et même l’application de la peinture est déléguée aux machines.
Le problème, c’est que le résultat n’est pas terrible… certes, ça aide la main-d’œuvre sans savoir-faire mais c’est du vite fait mal fait. Hermès fait un peu plus attention que les autres, mais ça n’est pas pour autant toujours parfait. Le pire c’est bien souvent “les petits ateliers de Normandie” des private labels, comprendre par-là les petites usines qui ne sont pas parvenues à faire de la sous-traitance par Vuitton. Ils n’ont bien souvent ni le matériel dernier cri ni le temps (ou la capacité humaine) de bien faire et vous obtenez souvent quelque chose de proprement risible.

Un parfait exemple d’application industrielle des tranches. Ces images proviennent du même atelier et permettent donc de juger du résultat obtenu. C’est particulièrement criant sur la tranche bleue claire qui n’est absolument pas uniforme avec ses creux, ses bosses...
Un parfait exemple d’application industrielle des tranches. Ces images proviennent du même atelier et permettent donc de juger du résultat obtenu. C’est particulièrement criant sur la tranche bleue claire qui n’est absolument pas uniforme avec ses creux, ses bosses...
Vous avez bien évidemment une grande variété de machines, certaines sont sophistiquées, d’autres moins. (Source: gallipolycolor)
Vous avez bien évidemment une grande variété de machines, certaines sont sophistiquées, d’autres moins. (Source: gallipolycolor)
Petit florilège de tranches nazes. Avec dans l’ordre, Lotuff et une superbe tranchée digne de la guerre 14. Hermès, porte feuille à plus de 8000€, dans l’absolu le résultat est correct, mais pour le prix on distingue quand même très nettement un sillon sur le bord de la languette, un problème très courant chez toutes les marques. John Lobb, là aussi irrégularité générale et superbe sillon central. Enfin mention spéciale pour el famoso Vuitton, qui mélange les styles avec sillon, pâtés, coulures, et irrégularités.
Petit florilège de tranches nazes. Avec dans l’ordre, Lotuff et une superbe tranchée digne de la guerre 14. Hermès, porte feuille à plus de 8000€, dans l’absolu le résultat est correct, mais pour le prix on distingue quand même très nettement un sillon sur le bord de la languette, un problème très courant chez toutes les marques. John Lobb, là aussi irrégularité générale et superbe sillon central. Enfin mention spéciale pour el famoso Vuitton, qui mélange les styles avec sillon, pâtés, coulures, et irrégularités.
Mais qu’en est-il des “petits-ateliers” de Normandie, de Paris ou de nos private labels adorés ? Bah c’est pareil. Là aussi dans l’ordre, Valet de pique donne dans le sillon de profondeur agraire. Guibert appliquent leur peinture à la truelle et en font littéralement un boudin, on n’est plus dans la maroquinerie mais dans la charcuterie. Léon Flan, pardon, Léon Flam font des photos floues en espérant cacher la misère, mais on voit quand même bien les sillons et les pâtés, et enfin, on termine par BG avec un travail pratiquement aussi sale que Vuitton.
Mais qu’en est-il des “petits-ateliers” de Normandie, de Paris ou de nos private labels adorés ? Bah c’est pareil. Là aussi dans l’ordre, Valet de pique donne dans le sillon de profondeur agraire. Guibert appliquent leur peinture à la truelle et en font littéralement un boudin, on n’est plus dans la maroquinerie mais dans la charcuterie. Léon Flan, pardon, Léon Flam font des photos floues en espérant cacher la misère, mais on voit quand même bien les sillons et les pâtés, et enfin, on termine par BG avec un travail pratiquement aussi sale que Vuitton.
Pour référence, des tranches ultra vénères en artisanat, c’est ça. Travail de Steven Wu.
Pour référence, des tranches ultra vénères en artisanat, c’est ça. Travail de Steven Wu.
On notre quand même que chez Hermès, plus le prix est élevé, plus ils font un effort, les tranches du Kelly par exemple c’est ça : 
C’est loin d’être parfait, et pour le prix c’est toujours aussi abusif, mais au moins ils essayent. En général, chez les autres marques, plus l’objet est gros plus les tranches sont grossières.  (Source: Hermès)
On notre quand même que chez Hermès, plus le prix est élevé, plus ils font un effort, les tranches du Kelly par exemple c’est ça : C’est loin d’être parfait, et pour le prix c’est toujours aussi abusif, mais au moins ils essayent. En général, chez les autres marques, plus l’objet est gros plus les tranches sont grossières. (Source: Hermès)

Chez les industriels, même industrialisée cette étape peut mobiliser jusqu’à 1/3 du temps de production à elle seule. Si vous pensez que c’est beaucoup, gardez en mémoire que c’est relatif, car ils ne passent vraiment pas beaucoup de temps sur les autres étapes. TOUT est automatisé ou presque. Néanmoins, comme ils doivent tenir des cadences infernales c’est cette raison qui les pousse à expédier l’astiquage. Ce qui ne les empêche pas de revendiquer tout le contraire dans leur communication.

Application d’une peinture de tranche à la machine chez Chanel dans les ateliers Verneuil. (Source: Chanel)
Application d’une peinture de tranche à la machine chez Chanel dans les ateliers Verneuil. (Source: Chanel)
Un bombeur de tranche. C’est un produit qui essaye d’imiter le rendu bombé de plusieurs couches de peinture. L’idée est intéressante, mais en réalité c’est un produit qui décuple le risque de voir la peinture s’enlever comme une pelure. (Source: decocuir)
Un bombeur de tranche. C’est un produit qui essaye d’imiter le rendu bombé de plusieurs couches de peinture. L’idée est intéressante, mais en réalité c’est un produit qui décuple le risque de voir la peinture s’enlever comme une pelure. (Source: decocuir)
Un portefeuille avec le syndrome de la "pelure de saucisson", un problème courant avec la peinture de tranche. (Source: Reddit)
Un portefeuille avec le syndrome de la "pelure de saucisson", un problème courant avec la peinture de tranche. (Source: Reddit)
Même chose chez Vuitton, avec la peinture de tranche qui commence à peler là où les tensions sont fortes. Le problème ne va qu'empirer. (Source: purseblog)
Même chose chez Vuitton, avec la peinture de tranche qui commence à peler là où les tensions sont fortes. Le problème ne va qu'empirer. (Source: purseblog)

Bien qu’elle soit devenue le contraire de ce qu’elle était originalement prévue pour, à savoir un produit rapide à appliquer, la peinture de tranche présente quand même de nombreux avantages. Certes, elle est difficile à utiliser mais elle n’en demeure pas moins très pratique. D’un point de vue technique, c’est une finition qui est extrêmement versatile qui trouve très facilement sa place sur n’importe quel objet de maroquinerie. C’est également une finition qui se soumet extrêmement bien aux réparations et qui permet une grande flexibilité dans le choix des couleurs (vous pouvez par exemple partir sur des couleurs contrastantes, ce qu’un rembord ne permet pas) et de la brillance. Elle est également assez résistante à l’eau et salissures. Enfin c’est une finition qui est applicable sur le cuir tanné au chrome, cuir qui ne se prête pas au brunissage qui est la finition que nous allons aborder maintenant.

À partir d’un bord franc vous pouvez aussi décider de simplement teindre les tranches et de les lisser, à condition que le cuir soit au tannage végétal.

Le lissage des tranches

Le lissage des tranches, également appelé brunissage, est une finition qui est effectuée avec de la gomme adragante, ou des dérivés, tels que la gomme arabique, le tokonole, de la colle de farine, voire tout simplement de l’eau. Il est possible au préalable de teindre les tranches, avec de la teinture qui va pénétrer les fibres en profondeur ou vous pouvez les laisser brutes. On parle de brunissage car sous l’effet de la friction la tranche va s’assombrir et se polir, donnant au cuir une teinte foncée.

C’est une finition que l’on rencontre majoritairement sur la maroquinerie dite “rustique” même s’il est possible de la trouver chez des artisans de maroquinerie fine, c’est en revanche une finition qui est assez rare en maroquinerie industrielle. Le lissage des tranches comporte un avantage majeur, il s’agit d’une technique très facile à maitriser et le résultat est pratiquement instantané. C’est de loin celle qui demande le moins de savoir-faire. À partir d’un bord franc vous appliquez un peu de gomme et vous frottez avec un chiffon ou un brunissoir. Le brunissage a l’avantage de produire des bords extrêmement brillants, façon glaçage miroir sur des souliers. En revanche cette brillance ne perdure pas dans le temps. Au contact de l’humidité et des frottements elle s’estompe extrêmement rapidement (on parle en semaine voire jours) et vous vous retrouvez rapidement avec un bord mat. Il existe certaines techniques qui permettent de maintenir cette brillance plus longtemps mais le but est de vous permettre de comprendre ce que vous achetez, pas de donner des conseils gratuits à tous les amateurs du travail du cuir.

Une tranche lissée avec un effet miroir très impressionnant mais qui ne va pas durer dans le temps.  (Source: reddit)
Une tranche lissée avec un effet miroir très impressionnant mais qui ne va pas durer dans le temps. (Source: reddit)
Lissage des tranches au Tokonole, un produit de hipster par excellence. Non qu’il soit mauvais, mais la hype autours me dépasse totalement. (Source: aacrak)
Lissage des tranches au Tokonole, un produit de hipster par excellence. Non qu’il soit mauvais, mais la hype autours me dépasse totalement. (Source: aacrak)

Le rembord

Nous l’avons déjà dit, le rembord est la finition la plus traditionnelle qui soit dès que l’on parle de maroquinerie de luxe. Le rembord était virtuellement présent sur toutes les pièces de maroquinerie de luxe du début du 20ème siècle. En raison de sa technicité il a petit à petit laissé place à la peinture de tranche. Certaines marques de maroquinerie industrielle comme Chanel utilise encore énormément le rembord car cela correspond à l’image un peu “vintage” et vaguement “traditionnelle” qu’elle souhaite donner à ses produits. C’est une finition qui est simple à comprendre, il s’agit tout simplement de parer le cuir et de le rabattre sur lui-même afin de former une sorte d’ourlet. L’intérêt de cette finition repose dans l’uniformité et la continuité visuelle qu’elle permet. Vous avez un produit qui utilise le même cuir sur sa face avant et sur ses tranches ce qui est esthétiquement plaisant. En revanche le rembord est assez sensible aux frottements et il est difficile à réparer. Prise individuellement cette finition n’est plus indicative d’un savoir-faire particulièrement poussé car elle a beaucoup perdu de sa superbe, notamment en raison de la mécanisation de la maroquinerie. C’est donc une finition que l’on trouve indifféremment sur de la maroquinerie industrielle comme traditionnelle. Traditionnellement le rembord demande un bon niveau de compétence et était effectué intégralement à la main (ou avec une pareuse mécanique). Cela demandait de la minutie, notamment en coins. Aujourd’hui il existe des rembordeuses automatiques. Ce n’est donc pas en regardant uniquement un rembord que vous allez pouvoir vous faire une idée sur la qualité d’une pièce. Il est toutefois important de noter que bien qu’il existe des rembordeuses automatiques, ces dernières ne permettent pas de toujours d’effectuer un rembord en raison de contraintes techniques, certains industriels font donc toujours des rembords mains quand ils n’ont pas le choix. Mais en général, tout le travail de préparation aura déjà été fait en amont.

Un rembord fait main. (Source: fingersstyle)
Un rembord fait main. (Source: fingersstyle)
 Il existe aujourd’hui des machines à remborder (Source: francecuir)
Il existe aujourd’hui des machines à remborder (Source: francecuir)
Le rembord permet une belle continuité visuelle. (Source: Chanel)
Le rembord permet une belle continuité visuelle. (Source: Chanel)

Le bord à cheval

Le bord à cheval est une finition que l’on voit assez souvent sur les sacs, notamment au niveau de l’ouverture mais pas seulement, elle se retrouve dans la bagagerie, dans la sellerie et parfois même en botterie. Il s’agit simplement de masquer le bord par une autre pièce de cuir placée dessus “à cheval”. C’est une finition très facile à mettre en place, c’est d’ailleurs là son intérêt principal. En revanche comme c’est une finition souvent utilisée à des endroits exposés à des frottements importants (ouvrir/fermer le sac, chercher dedans etc etc) elle a tendance à s’user assez vite, d’autant plus vite que peu de gens entretiennent correctement leur maroquinerie. C’est une finition un peu à double tranchant car elle s’use vite et n’est pas facile à réparer, en revanche son remplacement intégral est relativement simple à réaliser, d’où son intérêt. Elle permet également une grande diversité dans le choix des couleurs, puisque vous pouvez partir sur des cuirs contrastants ou non. C’est une finition que l’on retrouve parfois sur la petite maroquinerie, même si c’est assez rare. Elle est employée par les industriels comme les artisans, sauf que les industriels n’hésitent pas à utiliser des matières synthétiques plutôt que du cuir…

Exemple typique de bord à cheval sur un sac Vuitton. (Source: LVMH)
Exemple typique de bord à cheval sur un sac Vuitton. (Source: LVMH)

Conclusion

Les tranches sont l'une des nombreuses finitions qui sont totalement bâclées en industrie, peu importe la marque. L'industrialisation de la maroquinerie permet de diminuer le temps de production, mais c'est au détriment du soin qui est apporté aux produits. Autant il est compréhensible que pour des produits utilitaires cela ne soit pas dramatique, mais TOUTES les marques évoquées dans cet se targuent de faire du “luxe”, même quand elles n'en font pas.

26 réflexions au sujet de “Méthodes de fabrication dans la maroquinerie: les finitions de tranche”

      • Bonjour, merci bcp pour votre retour.
        Avez-vous prévu un articlaire similaire aux chaussures avec un guide des marques?

        Merci

        Cordialement,

        Répondre
        • Bonjour,

          Non, pour plusieurs raisons. Dans la chaussure, toutes les marques sortent déjà plus ou moins le même produit, mais il y la question du chaussant qui entre en compte et surtout il existe quand même différents segments, avec différents montages (Blake, GW, Norvégien…). Dans la maroquinerie, les différences apportées par le montage et par le fit sont inexistantes et donc sans aller jusqu’à dire que toutes les marques sont identiques, l’uniformité est vraiment prédominante. Une poignée de marques, dont Hermès, sortent un tout petit peu du lot, mais c’est tout. La véritable différence en maroquinerie se trouve entre l’industriel et l’artisanal. L’industriel n’est vraiment pas du tout intéressant et est à mon avis purement fonctionnel, c’est autrement une perte de temps et d’argent. Le seul avantage à aller vers l’industriel est de signifier qu’on peut se payer une marque qui coûte très cher, et c’est tout.

          Répondre
  1. Encore un très bel article rédigé à la sulfateuse, merci !
    Dans ma petite ville de Loir et Cher, nous avons la chance d’avoir un cordonnier qui est sellier de formation (il répare et entretient d’ailleurs les selles de tous le clubs hippiques et tous les équipages de vénerie qui pullulent du côté de la Sologne) et j’ai plaisir à discuter technique avec lui grâce à vous. Il confirme d’ailleurs tout ce que vous avez écrit sur les finitions de tranche me rappelant néanmoins que le bord franc ou la tranche lissée sont la règle en sellerie et il n’est donc pas choqué de retrouver ces finitions sur des sacs Hermès. Il confirme également que les peintures (et non teinture) de tranche du commerce font des finitions plastifiées de merde et qui ne tiennent pas.
    Pour finir, j’ai un oncle qui fut directeur des tanneries d’Annonay dans les années 70-80 avant de s’installer à son compte pour tanner des peaux très haut de gamme … dans son garage, j’ai d’ailleurs des souvenirs d’odeurs de cuir que j’aimais beaucoup quand j’allais chez mes cousins. Il m’a félicité pour mes connaissances en matière de tannage et de qualité de peaux et c’est grâce à vous !

    Répondre
    • Bonjour et merci beaucoup votre message.
      Pour les bords lissés sur des sacs Hermès, à ma connaissance c’est surtout du bord peint chez Hermès. En revanche sur les selles Hermès oui c’est du bord franc lissé.
      Si jamais votre oncle est intéressé pour échanger par email, est-il possible d’avoir son contact? Vous pouvez nous joindre via le formulaire de contact sur le site. Il serait très intéressant d’entendre parler de son expérience chez Annonay.

      Répondre
      • Envoyez-moi un mail à : ou vos coordonnées au, je vous mettrai en contact avec mon oncle dans les prochains jours (il est actuellement absent).

        Bien à vous, Alexandre

        Répondre
          • Pas de problème, j’ai récupéré vos informations de contact, que j’ai enlevé du commentaire par la même occasion pour éviter le spam.

            Répondre
  2. Bonjour,
    Encore bravo pour cet article et plus généralement pour votre blog.

    Dans la hiérarchie des finitions, comment se situe le piqué-retourné (avec ou sans piping) ? Je sais que ce n’est pas à proprement dit un finition mais plutôt un mode de fabrication.

    Merci par avance pour votre réponse.

    Bien à vous,

    Répondre
    • Bonjour,

      C’est techniquement un mode de jointure, mais je vois pourquoi ça peut faire penser à une finition de bord car visuellement, en tranche, c’est très proche du rembord (sauf si utilisation d’un passepoil).
      Par principe je n’ai rien contre, c’est une méthode de fabrication parfaitement valable, et c’est structurellement solide (surtout quand la couture est réalisée au point sellier). Au niveau de l’usure, ça va être le même problème qu’un rembord, avec le temps les frottements vont endommager le cuir et ça n’est pas facile à réparer. Il y a aussi beaucoup de gruge au niveau du passepoil aujourd’hui. Chez beaucoup de marques ça n’est même plus du cuir. À titre personnel, j’aime un peu moins quand cette technique est utilisé sur de la petite maroquinerie, Chanel le fait assez souvent (en même temps comme ils utilisent aussi beaucoup le rembord ça n’est pas étonnant) mais c’est vraiment là un critère purement esthétique.

      Répondre
  3. Merci pour cet article, grâce à vous je sais enfin pourquoi les bords de mes portefeuilles finissent pas peler…
    Bonne continuation,

    Répondre
    • Bonjour,

      Malheureusement c’est l’inconvénient majeur de la peinture de tranche… Même les tranches qui sont réalisées dans les règles de l’art avec de la peinture finiront par peler.
      En contrepartie, c’est réparable.
      Il y a possiblement d’autres façons de finir les tranches, avec de la teinture cette fois, mais je n’ai pas eu le temps d’expérimenter avec. Je sais que certains artisans le font et que le résultat a l’air très bien et est plus durable.

      Bien à vous

      Répondre
  4. Bonjour,

    Que pensez-vous des Ateliers Fourès ? Les prix des porte-cartes (55€ pour ce modèle https://ateliersfoures.fr/products/pollux-1) sont beaucoup moins élevés que chez les autres fabricants que j’ai mis en comparaison (Ettinger, Launer, Connolly, Jean Rousseau, etc.)

    Je m’intéresse à cette marque car ils ont le label Entreprise du Patrimoine Vivant et fabriquent exclusivement en France.

    J’ai également regardé le porte-carte que vous proposez à la vente mais je cherche un modèle fermé (sans cartes visibles).

    Merci d’avance,

    Répondre
    • Bonjour,

      Il y a beaucoup à dire alors je vais essayer d’être concis. Les ateliers Fourrès sont en réalité l’ancienne marque “Jean Louis Fourrès” (que je connais bien) qui a été rachetée et à laquelle on a appliqué le traitement école de commerce. C’est tellement drôle que je vais possiblement en faire un article car c’est vraiment un cas typique.

      C’est une marque quelconque, les produits sont 100 % industriels et de nombreuses affirmations sur leur site sont erronées, pour ne pas dire mensongères voire totalement frauduleuses.

      En ce qui concerne le “label Entreprise du Patrimoine Vivant”, c’est majoritairement du vent, une tartuferie de plus. Les critères de sélection sont ridicules et très franchement larges. C’est avant tout une nébuleuse qui ne sert qu’à faire de la communication et à obtenir des avantages fiscaux tout en permettant à la France de se gargariser en prétendant qu’elle est exceptionnelle alors qu’il y a belle lurette qu’elle a volontairement saccagé son artisanat. N’importe quelle start-up d’école de commerce qui veut faire de la maroquinerie peut obtenir ce label sans trop de difficulté. Les produits Fourrès ça n’est pas fait main, ça n’est pas artisanal, ça n’est pas spécial, n’importe quelle usine de maroquinerie peut sortir les mêmes produits, il n’y a aucun respect de la tradition maroquinière. Je ne vois pas vraiment ce qu’il y a à labelliser. Dans ce label, je suis certain qu’il y a des artisans et des entreprises qui ont encore un savoir faire mais ils sont noyées au milieu des usines sans compétences et des arrivistes.

      Maintenant tout dépend ce que vous cherchez. Pour 55€, vous avez un produit qui va être fonctionnel, rien de plus, rien de moins. Ça n’est pas “mauvais”, mais c’est sans aucun lien avec la communication qui est faite. Est-ce que ça va être un produit durable ? Non, pas vraiment, mais ça c’est un critère qui va aussi dépendre de l’utilisation qui est faite du produit. Si vous cherchez quelque chose de véritablement artisanal, le prix sera au moins 5 à 6 fois supérieur (soit l’équivalent des marques de luxe, mais où le coût représente du savoir faire plutôt que des marges) et je comprends que ça n’est pas à la portées de tous.

      Répondre
      • Bonjour,

        Merci pour votre réponse informée et donc éclairante.

        Je suis prêt à mettre le prix. Seulement, il est difficile de faire un choix éclairé quand on nage dans un océan d’informations souvents influencées par des intérêts économiques.

        C’est la raison pour laquelle je suis régulièrement votre blog pour l’expertise en maroquinerie (le blog Les Indispensables – https://www.lesindispensablesparis.com – est a priori pas mal pour le domaine de la maille. Derek Guy de https://dieworkwear.com a également une très bonne maîtrise de l’histoire du vêtement masculin).

        Je l’avais évoqué dans un commentaire précédent, mais j’essaie tant bien que mal de constituer un annuaire des marques de confiance en recueillant des informations ici et ailleurs (https://docs.google.com/spreadsheets/d/1km2l0mz17XTajEbuFVZaBPyF3ZISnY7nxWmXwB41hyQ). Elle reste incomplète et largement critiquable, mais cela peut servir de base à une future mise en commun des données dispersées sur internet et dans les livres spécialisés, afin d’aider le quidam à dépenser son argent intelligemment.

        Répondre
        • Bonjour Adrien,

          Je me permets de rebondir sur votre commentaire car j’ai moi-même constitué un document afin de recenser les marques dignes de confiance, moins poussé que le vôtre, suite à mes lecture et je vous confirme qu’un travail méticuleux sur ce sujet serait pertinent.

          Benjamin

          Répondre
  5. Bonjour, merci pour votre article, pour avoir travaillé chez hermès, je confirme qu’ils utilisent toujours de la vraie teinture, en tout cas pour la maroquinerie 🙂
    D’ailleurs, sauriez vous où je peux me procurer de la teinture ? Connaissez vous des fournisseurs ?

    Répondre
    • Bonjour,
      Pour avoir des connaissances chez Hermès et pour connaître leur fournisseur, je suis certain qu’il s’agit de peinture. Mais je sais aussi que l’on appelle cette peinture « teinture » dans les ateliers. Cela dit, je ne remets pas du tout en question votre expérience chez Hermès, c’est possiblement une simple question de vocabulaire. N’hésitez pas à m’envoyer un email en utilisant le formulaire de contact du site. Nous pourrons clarifier cela et je vous donnerai également des noms de fournisseurs pour de la teinture.

      Répondre
  6. Bonjour,

    Est-ce que Lefren (je crois qu’ils sont Russes) vaut le coup ? Ils semblent tout faire main (pourtant quand on regarde malles2luxes qui montrent la différence entre un point sellier contre point machine par rapport au sens du fils là chez Lefren les coutures semblent droites.
    La marque fait des sacs relativement sobres et s’ils sont bien faits mains alors ils semblent à un prix très honnêtes.
    Aussi vous citez je ne sais plus dans quel article Célia Granger qui fait de très beaux sacs à des prix pas si délirants que ça (j’ai vu aussi Steven Wu mais rien trouvé sur le net) avait vous d’autres noms d’artisans en France qui pratiques des prix intéressants.
    Merci d’avance

    Répondre
    • Bonjour, je ne connais pas mais à voir les photos le travail est excessivement grossier. Ce qui explique en partie le prix bas, le reste est lié au coût de la vie et des salaires qui est bas en Russie. IL y a beaucoup de choses qui ne vont pas. J’ai l’impression de voir le travail de quelqu’un qui a appris dans les magazines et autres livres pour amateurs qui étaient très populaires dans les années 80. Pour la couture j’ai de gros doutes. Mais de toute façon ça n’a pas grande importance, quand je vois l’épaisseur du fil et l’espacement des points ça m’en dit suffisamment pour ne pas avoir envie de creuser d’avantage. Le prix est bas car les techniques utilisées sont simplistes et le résultat final grossier. Est-ce que c’est solide? Probablement, une Lada Niva est solide mais grossière. Complexité et durabilité ne sont pas la même chose.

      Célia Granger a des prix bas car elle a une logique semi-industrielle sur ses produits d’appels (cousu machine). Mais elle peut faire du point sellier sur des projets mesures, sur demande.

      Steven Wu est dans la catégorie supérieure, la qualité du travail est exceptionnelle. De même avec Satoru Hosoï à Paris. Victor Dast est un jeune maroquinier Parisien qui est également très compétent. Sinon il existe quelques amateurs dont ce n’est pas le métier mais qui font un travail correct.

      Je ne pense pas qu’il faille se diriger vers la maroquinerie artisanale pour trouver des prix intéressants. Les prix sont homogènes parmi les artisans, les porte-cartes commencent aux alentours de 200€, les portefeuilles commencent aux alentours des 600€, les sacs aux alentours de 1500€. Ensuite c’est la complexité du projet, le cuir utilisé, et la renommée de l’artisan qui vont tirer les prix vers le haut. Descendre en dessous de ces prix est impossible sans recourir à des machines/bâcler le travail/vivre dans un pays du tiers monde.

      Répondre
      • Merci pour ces réponses (il faudra supprimer mon autre commentaire ne trouvant plus celui-ci…).
        Alors en maroquinerie je n’y connais pas grand chose c’est pourquoi je ne remarque pas encore ce que vous semblez voir sur les sacs Lefren mais je comprends votre avis.
        Pour ce qui est du point sellier vs machine il n’y a clairement pas photo en revanche ne cherchant pas spécialement du 100% fait main mais plutôt un travail honnête et dans un bon rapport qualité/prix. Lorsque je vois le sac à main de Célia Granger cousu machine à 500€ je préfère 100 fois aller chez elle plutôt que d’acheter du fait à la chaîne longchamp, lancel qui pratiquent des prix similaires voir plus élevés. Là au moins je sais qui a fait le sac (et j’ai cette logique pour tout je préfère un costume 50/50 machine/main par un artisan plutôt que du « tutto fatto a mano » dans une sartoria italienne où 100 personnes ont travaillé sur mon costume pour « diminuer » le coût de celui-ci (ça n’est pas toujours vrai car en France il existe encore des tailleurs à 1500/2000€ alors que bon nombre de parisiens font faire leurs costumes à ce tarif chez des faux tailleurs… (JS, RB, JMM, AP, etc.)
        Encore merci pour ces quelques noms

        Répondre
      • Le coup de la vie joue énormément,j’ai moi même acheté des portes cartes,portes feuilles et sacoches en cuir pendant les vacances en Algérie,chez un artisan dans une ruelle d’Alger,prix des portes cartes 5€ pièce,portes feuilles 7,5€,sacoche en cuir 13€,tout est fait dans un cuir à tannage végétal local,et tout est fait à la main,j’ai eu des discussions avec le monsieur,il m’a dit qu’il a appris par son père qui lui même avait été formé par des artisans français avant la guerre d’Algérie…

        Répondre
  7. Bonjour,
    Je suis débutante en maroquinerie et j’avoue que la tâche la plus longue est bien la teinture des tranches ! Après tout ce que j’ai lu dans votre article , je me demande si j’arriverais un jour à maîtriser la technique ! Si même les marques de luxe n’excellent pas en la matière …..En tout cas , il faut beaucoup de patience et de passion ! Et aussi une bonne « peinture « . (Alors je suis preneuse d’une bonne adresse).
    Merci en tout cas pour votre regard affûté.

    Bon travail à tous les passionnés !

    Répondre
    • Bonjour,

      Les marques de luxe n’excellent pas simplement parce qu’elles ne veulent pas consacrer le temps nécessaire à bien réaliser cette étape. Je pense que bien qu’il s’agisse effectivement d’une tâche longue, répétitive et un peu frustrante quelqu’un qui a suffisamment de temps et une once de talent peu s’en sortir sans trop de difficulté. Donc avec un peu de persévérance je suis certain que vous allez y arriver.

      Pour la peinture, la plus simple à utiliser (par sa viscosité, mais surtout par sa grande disponibilité) reste Uniters. Groupe Dargent a de l’Uniters en stock. Sinon, les peintures de revendeurs (déco-cuir etc etc) qui ne portent pas de nom sont parfois de l’Uniters, il ne faut pas hésiter à demander.

      Bien à vous

      Répondre
  8. Bonsoir, j’ai découvert votre site récemment et je tenais à vous dire que j’apprécie votre contenu et votre travail. Grâce à vous j’apprends beaucoup. Au plaisir de vous lire.

    Répondre

Laisser un commentaire