Le polo : votre meilleur allié durant la période estivale.

Avant-propos

Salut les ploucs, c’est bientôt l’été, c’est l’heure de montrer vos petits biscotaux saillants sur les plages, et il semble donc opportun de parler d’un classique du vestiaire estival : le polo.
Je ne vais pas aborder l’origine historique du polo en tant que vêtement dans cet article ; je réserve cette partie pour un autre article passablement débile, qui sera un pot-pourri de toutes les stupidités que l’on rencontre dans le microcosme sartorial.
À la place, je préfère donc prendre un autre point de départ, qui est plus arbitraire, mais aussi beaucoup plus utilitaire, à savoir la place qu’a ce vêtement dans le vestiaire masculin. On parlera quand même un peu de l’histoire de la pièce, mais uniquement de façon anecdotique.
Pour une raison que j’ignore, la sphère "sartoriale" française a longtemps délaissé le polo, allant parfois jusqu’à le moquer, car "pas assez formel". C’est bel et bien une citation ; je précise, car il faut en tenir une couche pour reprocher son manque de formalité à un vêtement décontracté.
Enfin, ce n’est guère étonnant quand on sait que la vaste majorité des gens dans notre microcosme se prennent pour le grand Gatsby et que, dès qu’ils sortent de leur appartement tout Ikea, c’est le bal de Sissi l’impératrice dans leur tête.
J’exagère à peine, mais nous aborderons cette question plus en détail dans un article dédié au vestiaire estival. Sachez simplement que certaines personnes ont une aversion pour le polo car ce sont des idiots.

Heureusement, les temps changent. Le polo s’est aujourd’hui largement imposé, et il est désormais rare – bien que pas encore impossible – de croiser, en plein centre de Paris, un ahuri dégoulinant dans un complet en lin ou en seersucker par 30 °C. Et que l’on ne me parle pas d’impératifs professionnels : ces gens le font par plaisir masochiste, et non pour respecter un quelconque dress code.

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Quand les influenceurs découvrent la chemise en denim

Avant-propos

Il y a quelque chose de fascinant – et d'un peu exaspérant – dans la manière dont certains influenceurs semblent redécouvrir des concepts qui existent depuis des lustres, puis les exploitent de façon gimmick. Il n’aura échappé à personne que, depuis au moins quatre ans, tout le monde s'habille de manière plus décontractée, abandonnant ainsi les vêtements à connotation formelle. Cela semble avoir déclenché une réaction en chaîne chez les influenceurs experts en cravates sept plis, qui ont été obligés de s'adapter sous peine de devenir insignifiants. Le résultat ne s'est pas fait attendre, et il y a eu une batterie de changements radicaux qui peuvent se résumer à : "Je viens de virer ma cravate et remplacer ma chemise en popeline par une chemise en jean." Autant de radicalisme à notre époque est absolument bouleversant, le monde n'est pas fait pour des révolutions aussi révolutionnaires. Bref, il y a eu un barrage d'artillerie, et à pratiquement une semaine d’écart, on retrouvait Simone Crouton, Peter Zottolo et Mitchell Moss dans des tenues avec une chemise en denim, à croire qu'ils s'étaient donnés le mot.

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La nouvelle "tendance"

Source: Instagram Urbancomposition
Source: Instagram Urbancomposition
Source: Instagram Permanentstylelondon
Source: Instagram Permanentstylelondon
Source: Instagram menswearmusings
Source: Instagram menswearmusings

Notez que des trois menswearmusings est le seul à être resté fidèle à la pochette, par fidélité au hanky code sartorial. Leur timing est amusant, mais guère surprenant. Les influenceurs fonctionnent tous de la même façon ; leur cerveau n’a qu’un logiciel, celui des algorithmes, et comme si cela ne suffisait pas, ils se copient les uns les autres.

Source: Instagram menswearmusings
Source: Instagram menswearmusings

Il était d'ailleurs sapé de la même façon pour la dernière édition du Pitti Uomo, qui tient maintenant plus du rassemblement de COTOREP que du trade show.

D'ailleurs sans surprise il n'était pas le seul, puisque cette année il y avait une chiée de chemise en denim au Pitti.

Error 404, can't compute. (Source: Instagram)
Error 404, can't compute. (Source: Instagram)
Le style Far West et MST est en vogue. (Source: WWD)
Le style Far West et MST est en vogue. (Source: WWD)
Mauvais cosplay de Sébastien Tellier (Source: Instagram)
Mauvais cosplay de Sébastien Tellier (Source: Instagram)
On a aussi le classique riche qui cosplay en pauvre. Je me demande juste s'il a poussé la vice à sentir la pisse et la Maximator. (Source: WWD)
On a aussi le classique riche qui cosplay en pauvre. Je me demande juste s'il a poussé la vice à sentir la pisse et la Maximator. (Source: WWD)
Job title: Bull semen collector. (Source WWD)
Job title: Bull semen collector. (Source WWD)
Forcément Rubinacci garde la cravate car il a du stock à écouler.  (Source GQ)
Forcément Rubinacci garde la cravate car il a du stock à écouler. (Source GQ)

La tendance est actée car on la retrouvait aussi à la Fashion Week, avec une forte présence du denim on denim, aka the canadian tuxedo, aka le look du lumberjack pédé.

Source: Fashion Week
Source: Fashion Week

Ça existe depuis les années 70, et c'est toujours aussi moche.

(Source: Status Quo)
(Source: Status Quo)

L'origine du mal

En ce qui concerne les influenceurs, cela les arrange. Ils n’ont également qu’un seul sujet de prédilection à la fois : globalement, pour eux, il n’y a qu’UN style : celui qu’ils prônent, celui des marques qui veulent bien leur donner de l’argent. Les types fonctionnent donc tous en unisson, puisqu’ils vont là où il y a de l’argent à prendre. À une époque, c’était la guerre des cravates 7 plis, des pochettes roulottées mains et tout le monde se battait pour savoir "qui c'est qui avait le Goodyear le plus durable de la planète dans le meilleur couir du monde". Aujourd’hui, c’est la chemise en denim western fabriquée À LEUH JAPON. Car en réalité, les influenceurs n’aiment pas LE vêtement, ils aiment l’argent. Si demain leur niche venait à s’assécher, ils se lanceraient dans un sujet parallèle où ils pourraient conserver une partie de leur audience : les cigares, les steaks, les spiritueux ou les salons de massage, pour eux, c’est la même chose. Notez, je ne leur reproche pas d’aimer l’argent, c’est très bien l’argent. À mon sens, il est plus grave qu’ils aient tous autant de personnalité qu’une serpillière à foutre, et qu’ils pensent découvrir l’eau chaude à chaque fois que les tendances changent. Ces gens sont des girouettes perpétuelles. Il faudrait faire une étude de faisabilité pour voir s'ils peuvent permettre de fournir une petite ville de province en électricité tant ils moulinent dans le vent.

Pour Crouton et Moss, avant 2019, le denim, ça n’existait pour ainsi dire pas. L’un pensait que c’était un tissu avec lequel on pouvait faire des costumes croisés bespoke chez Chifonelli ou des collaborations avec un chemisier italien ; l’autre n’en portait pratiquement jamais, en dehors du " casual friday", et jamais avec une veste sport. Je n’ai pas été vérifier pour Zottolo, parce que, franchement, j’aurais trop l’impression de consulter un numéro de "Têtu".

Par curiosité, j’ai été voir ce que Simone avait en stock sur son blog sur le sujet du jean. En 2014, il pense que c’est une matière intéressante, au même titre que les vestes rase pet trop étroites et les grigris à porter au poignet, car cela permet de "saper le conservatisme attaché au costume". On croirait entendre une féministe intersectionnelle à la fête de l'Huma… et le pire c'est que c'est une citation.

L'inspiration denim selon Simone, so 2014, so plouc.  Source: permanent style
L'inspiration denim selon Simone, so 2014, so plouc.  Source: permanent style

Le seul point où il n’a pas totalement tort, c’est quand il évoque le fait que les costumes en jean n’ont rien de neuf, puisqu’ils existaient déjà du temps de l’infâme Tommy Nutter. J’ai toujours un article en cours sur lui et sur Sexton ; je ne sais pas quand il sortira, car je suis actuellement le seul rédacteur encore à l’œuvre et j’ai un véritable métier à côté, mais c’est toujours un sujet au programme. Tout ce que l’on peut dire, c’est que la période Nutter, et plus globalement les années 70, n’étaient pas vraiment une époque glorieuse pour le vêtement masculin. Notez qu’il parle du jean dans le cadre du "tailoring". Car il y a eu longtemps, chez Crouton comme chez d’autres, cette perception que c’était un style "total", et que tous les hommes portaient des complets trois pièces et un fedora pour aller chercher leur croissant à la boulangerie du coin un dimanche matin. On a eu notre équivalent en français avec le style "sartorial", qui est plus ou moins le même non-sens. C’est pour cela que nous préférons l’expression "style classique", mais passons.

Le point d’orgue est atteint en 2017, quand il "commande" un costume (mal coupé et mal proportionné) en jean chez Chifonelli. 2017 est une période sombre, car nous sommes au sommet d’une mode débile qui faisait la promotion de combinaisons improbables et importables… comme un costume en jean. C’était à cette époque que les gens pensaient rendre leur tenue "plus décontractée" en mettant des pochettes sur des vestes sport, ou en faisant faire des patines bariolées sur des Richelieus. Les patines sont mortes, pas encore les pochettes...

Notez que dans tout l’article, Simone n’explique jamais la logique de sa démarche. Je soupçonne qu’il n’y en ait pas. L’objectif était simplement de faire parler de lui avec une pièce extravagante, comme lorsque le journaliste automobile Chris Harris avait acheté une Lamborghini au début de sa carrière pour faire parler de lui. C’est une pratique assez commune dans la heu… " presse" ? On peut supposer que l’idée derrière ce costume en jean était de "rendre moins formel" le croisé. Ce qui est une démarche globalement stupide. Je sais que nous en parlons sur le blog et que nous donnons des conseils sur comment y parvenir. Mais, à titre personnel, je trouve la démarche débile. Une veste croisée plus décontractée porte un nom : c’est une veste à boutonnage droit… Vouloir "décontracter" quelque chose c'est vouloir se compliquer la vie. Mais comme je disais, ce ne sont que des suppositions. J’imagine qu’il y a une raison parfaitement logique pour justifier un costume croisé en jean....

"Un vêtement décontracté" stade de débilité avancé: patient incurable. (Source: Permanent style)
"Un vêtement décontracté" stade de débilité avancé: patient incurable. (Source: Permanent style)

Je note deux choses particulièrement hilarantes dans l’article. La première est que Simone mentionne avoir refusé un boutonnage en configuration 6x1 "car trop tapageur". Dixit le type qui vient de recevoir un costume en jean croisé Chifonelli. C’est l’équivalent vestimentaire de parader sur les Champs-Élysées avec des plumes dans le cul, mais à les demander noires plutôt qu’argentées, car sinon ça serait trop tapageur.

Un autre point dans la même veine : il aurait préféré une épaule de type "chemise", qui aurait selon lui rendu la veste moins "dramatique" et donc plus versatile… au risque de me répéter, on parle d’un croisé en jean de chez Cifo. La versatilité d’une telle pièce se passe surtout dans la tête du porteur…

Il ne me semble jamais avoir vu de photo avec le costume complet. Ni même de photo du pantalon. Peut-être que je me trompe, car très franchement je n’allais pas passer des heures à chercher. Mais je pense que c’est parce que c’était un foirage complet. Les photos ultra-proches du sujet dans l’article original vont dans ce sens.

Dès qu'on prend un peu de distance, on prend conscience du niveau de foirage... (Source: Permanent style)
Dès qu'on prend un peu de distance, on prend conscience du niveau de foirage... (Source: Permanent style)

Il serait toutefois de mauvaise foi de ne pas mentionner qu’en 2017, il parle pour la première fois de chemise en jean, dans le cadre d’une collaboration avec Luca Avitabile, un chemisier italien. Sur le principe, on n’est pas loin de la veste en jean Cifo. À savoir qu’on a l’impression qu’il s’agit surtout d’une excuse. Je ne vois pas bien pourquoi ils ont favorisé le jean au chambray, si ce n’est pour faire parler. La démarche est à peu près la même.

Il y a eu un tournant avec la période de la panique sanitaire mondiale. À partir de ce moment, le vêtement s’est rapidement décontracté. On le voit assez clairement chez Simone, qui se met à parler beaucoup plus de jean qu’auparavant : il fait la promotion de Bryceland, il découvre la chemise western, etc. On a l’impression qu’il a récemment découvert quelque chose et en parle comme s’il venait de percer un mystère oublié du vestiaire masculin. Un peu façon "Martine au Grand Orient", "Martine fait sa première délation"... Soyons clairs : la chemise en denim n'est pas une nouveauté. Elle a été adoptée par les amateurs de sape depuis des décennies, des cowboys des plaines (qui n'existent que dans vos rêves et au Tegsas) aux ouvriers des grandes villes, jusqu'aux icônes de style contemporain. Mais quand un influenceur comme Simone s'empare du sujet, c'est comme si la chemise en denim venait tout juste de descendre des cieux, auréolée d'une lumière divine : "On va pouvoir faire des tunes avec nos chemises denim DU JAPONEUH !" Ça fait déjà des années que les marques de private label 2.0 se font des couilles en or avec des jeans nippons, il serait temps que le "monde sartorial" s’empare du sujet.

Je trouve cet engouement assez amusant : en général, quand les influenceurs commencent à parler d’un truc, c’est le moment d’aller voir ailleurs. Car ça va devenir débile très rapidement. Sur les réseaux, vous allez voir toute une réflexion sur les vertus cachées de la chemise en denim – sa texture robuste, sa capacité à se patiner avec le temps, sa versatilité… Ils vont faire des compétitions de distance, sur les toiles les plus robustes, les plus ceci, les moins cela. Lui et beaucoup d’autres semblent totalement ignorer que l'héritage vestimentaire est bien plus vaste et riche qu'ils ne l'imaginent, et cela ne fait qu'accentuer ce fossé entre ceux qui « vivent » la sape et ceux qui en « parlent ». Les chemises en denim n'ont pas besoin d'une nouvelle légitimité. Elles appartiennent à l'histoire du vêtement masculin, même si, à mon sens, elles n’ont pas un grand intérêt, à moins de vouloir faire son Gainsbourg sale, ou de jouer à Brokeback Mountain. Mais avant d’en parler plus en détail, je voulais juste revenir sur un point : dans les années 90, on voyait des chemises en jean un peu partout… mais Simone devait avoir la tête coincée entre ses fesses pour s’en apercevoir.

Bernard Rapp à France Télévision (au milieu) en 1997. (Source: Getty)
Bernard Rapp à France Télévision (au milieu) en 1997. (Source: Getty)

Delon était très coutumier du fait également (toutes ces photos sont des années 90)

(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)
(Source: Getty)

Mais c'était loin d'être le seul.

On a ici Bernard Shaw. (Source: Getty)
On a ici Bernard Shaw. (Source: Getty)
Aznavour (Source: Getty)
Aznavour (Source: Getty)
Niels Arestrup (Source: Getty)
Niels Arestrup (Source: Getty)

Gainsbourg portait très souvent une chemise en denim.

(Source: Instagram)
(Source: Instagram)

C'est juste que chez lui c'était devenu une signature, comme son alcoolisme. C'est un style qui fonctionne bien hein, "le style crade", mais ça demande un certain niveau, le puceau de 18 ans qui veut se la jouer chanteur de varièt incompris va passer pour un gros autiste s'il a envie de copier ça.

Une tempête dans un verre d'eau

Maintenant que l’on a fait ce petit saut dans le temps, il est temps de dire pourquoi la chemise en jean n’est pas la révélation attendue. À titre personnel, je trouve que c’est un vêtement qui n’est ni confortable ni très pratique. Le jean, en veste comme en chemise d’ailleurs, ne protège ni du vent, ni du froid, ni de la pluie. Le denim est historiquement un tissu de travail, conçu pour être robuste et résistant, pas pour être confortable. Il est associé aux vêtements utilitaires, aux cow-boys et aux ouvriers avant d’être récupéré par la mode décontractée. Je comprends l’inspiration workwear et je vois ce que certains en font, mais cela n'est pas très intéressant. C'est plus un gimmick qui va et qui vient comme tous les gimmicks. Ça peut avoir son utilité, parfois ça fonctionne bien, mais globalement c'est assez "meh" et c'est une rustine pour les influenceurs qui ont besoin de toujours parler de "trucs neufs".

Il faut aussi noter que la chemise en denim est utilisée par les bobos depuis fort longtemps. Quand je vois ça: je vois ce genre d'énergie.

Source: Instagram)
Source: Instagram)

Mais globalement ça n'est pas ultra intéressant.

On se demande ce que vient faire la pochette là dedans. (Source: Instagram)
On se demande ce que vient faire la pochette là dedans. (Source: Instagram)
Mouais... (Source: Instagram)
Mouais... (Source: Instagram)
Cosplay (Source: Bryceland)
Cosplay (Source: Bryceland)

Parfois on frise le ridicule tant la parodie est prononcée :

(Source: Instagram)
(Source: Instagram)
(Source: Alittlebitofrest)
(Source: Alittlebitofrest)

On a aussi rapidement un effet Used car salesman, Florida, colorized. Comme ici:

(Source: Instagram)
(Source: Instagram)
 Il a l'air cool ce reboot d'Indiana Jones. (Source: alittlebitofrest)
 Il a l'air cool ce reboot d'Indiana Jones. (Source: alittlebitofrest)

Pendant ce temps, en Fronce, on arrive à faire pire. Personne n'a encore envoyé le mémo à Huguette que le denim c'était décontracté maintenant. Chez lui on est resté bloqué en 2017. Du coup quand ils sortent un article sur le sujet ça donne un beau tas de fumier écolo bio 2.0

"La terreur du Marais" (Source: PG)
"La terreur du Marais" (Source: PG)
 "La question est vite répondue" (Source: PG)
 "La question est vite répondue" (Source: PG)
"Je ne sais pas choisir des vêtements à ma taille, mais je vais tout t'apprendre sur la sape" (Source: PG)
"Je ne sais pas choisir des vêtements à ma taille, mais je vais tout t'apprendre sur la sape" (Source: PG)
Dimitri Popov, le boucher de Vladivostok, son sens du style est tellement à chier qu'il est une arme chimique. Les Russes sont en train d'envisager son déploiement en Ukraine. La France espère les en décourager avec leur nouvelle arme secrète. (Source: PG)
Dimitri Popov, le boucher de Vladivostok, son sens du style est tellement à chier qu'il est une arme chimique. Les Russes sont en train d'envisager son déploiement en Ukraine. La France espère les en décourager avec leur nouvelle arme secrète. (Source: PG)

L'arme secrète de la France :

Les Russes doivent se chier dessus...  (Source: Instagram)
Les Russes doivent se chier dessus... (Source: Instagram)

Du bon usage de la pochette ou comment éviter le syndrome du perroquet mort.

Avant-propos

Nous sommes en guerre, en guerre vestimentaire. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l'ennemi est là. Ils sont là. Ce sont eux, nos vrais ennemis, puissants, organisés, habiles, déterminés. Vous les croisez dans les rues, dans les campagnes ou sur la toile, bien souvent masqués, aussi haineux que lâches. Vous les connaissez. Le parti des agents du désastre. Les instruments du pire. Les ploucs atteints du syndrome du perroquet mort. Ils sont là.

Bon, allez, j'arrête les vannes à tiroir. On va parler du syndrome du perroquet mort. Ne cherchez pas ce syndrome dans le DSM-5, je n'ai pas encore eu le temps de le faire reconnaître comme une maladie psychiatrique par la communauté médicale, mais ça n'est qu'une question de temps.

Les plus assidus auront reconnu dans le syndrome du perroquet mort une référence à un sketch des Monty Python, comme nous l'avons déjà abordé dans notre Do & Don't n°17, pour ceux qui ne savent pas de quoi nous parlons, ça se passe ici. Le perroquet étant une représentation allégorique des couleurs bariolées arborées par de nombreux zélégants sur leurs pochettes de poitrine. La pratique n'est pas nouvelle, cela fait bien longtemps qu'il y a des gentlemen taxidermistes qui s'emploient à mettre des animaux morts dans leur poche de poitrine pour des raisons qui dépassent l'entendement.

Exemple tiré de "Dressing the Man" avec une variante "zèbre empaillé".(Source: Dressing the Man)
Exemple tiré de "Dressing the Man" avec une variante "zèbre empaillé".(Source: Dressing the Man)

On pourrait penser qu'avec la tendance actuelle à la décontraction vestimentaire (Simone Crumpet vient de découvrir la chemise en denim...), ce syndrome serait en voie d'extinction. Ça n'est malheureusement pas le cas, notamment à cause des cosplayeurs d'Instagram.

Austime radical chez les cosplayeurs de Fronsse et de Navarre (Source: Instagram)
Austime radical chez les cosplayeurs de Fronsse et de Navarre (Source: Instagram)

Originellement, la pochette avait une fonction purement utilitaire, puisqu'il s'agissait d'un simple mouchoir, destiné à éviter l'utilisation de la manche comme pouvaient le faire les classes populaires. Petit à petit, la pochette s'est transformée en ornement, c'était déjà le cas bien avant l'invention du mouchoir en papier en 1924. Elle est devenue une sorte de symbole sans que l'on sache vraiment ce qu'il y avait bien à signifier. Aujourd'hui, les codes du vêtement classique sont totalement anachroniques, ils ne représentent plus grand-chose si ce n'est des sujets pour des débats stériles entre zélégants officiant sur les zinternets. Même la Bible des ploucs, "Dressing the Man" d'Alan Flusser, reconnaît dans un de ses épîtres que dans bien des cas "une pochette blanche ou bleue clair" suffit amplement. Pourquoi certains ignorent-ils ce commandement ? Mouvement schismatique ? Les zélégants ont bien trop l'esprit moutonnier pour cela. Hérésie ? Les zélégants ont bien trop peur de l'enfer pour cela. Société secrète ? On s'imaginerait qu'elle aurait recours à quelque chose de plus discret, comme une poignée de main, par exemple. Reste la dernière option, la plus évidente vous me direz : maladie. Mais encore faut-il trouver la nature de cette maladie. S'agit-il d'une forme de daltonisme ? De toute évidence non, puisqu'ils sont attirés par les couleurs bariolées. La raison serait donc de l'ordre du trouble psychique.... La médecine débat toujours, une hypothèse alternative serait qu'il s’agirait en réalité d'un Hanky Code.

Symptomes et manifestations cliniques

Commençons donc par voir les manifestations de ce trouble, le symptôme principal est l'adoption d'un perroquet mort, qu'ils positionnent ensuite dans leur poche de poitrine.

Un superbe cacatoès rosalbin, on l'entendrait presque s'écrier "Sapajou ! Boit-sans-soif ! " (Source: Instagram)
Un superbe cacatoès rosalbin, on l'entendrait presque s'écrier "Sapajou ! Boit-sans-soif ! " (Source: Instagram)
Nous avons ici un très beau spécimen d'Ara bleu juvénile. (Source: Instagram)
Nous avons ici un très beau spécimen d'Ara bleu juvénile. (Source: Instagram)

Il existe des variantes quant à la façon dont se présente la pathologie. Par exemple, certains arrangent leur perroquet de façon à faire croire que ce dernier va prendre son envol. Ne les contredisez pas en essayant d'expliquer qu'un perroquet mort ne peut pas voler. Ils risqueraient de devenir agressif, comme c'est le cas ici:

Perroquet prenant son envol. (Source: The Rake)
Perroquet prenant son envol. (Source: The Rake)

D'autres, au contraire, sont terrifiés à l'idée que leur précieux volatile ne se fasse la malle et vont jusqu'à lui attacher une chaîne aux pattes. Là encore, toute tentative de raisonner le malade est futile. À l'heure actuelle, il n'existe pas encore de thérapie capable de soigner ces cas désespérés.

Perroquet enchaîné... qu'attends la PETA... (Source: Instagram)
Perroquet enchaîné... qu'attends la PETA... (Source: Instagram)

Les personnes âgées sont également une population à risque, surtout s'il s'agit de boomers insupportables. Ces gens sont presque aussi galeux que les cyclistes urbains.

Voyageur dans le temps déçu par ce qu'il voit du futur ? Perdu ! Plouc atteint du syndrome du perroquet mort, en stade terminal. Quand la maladie a atteint ce niveau, il n'y a guère plus d'espoir de retour à la normale. Comme la maladie d'Alzheimer, c'est un aller simple pour un monde de confusion perpétuelle. Le patient devient un masturbateur compulsif (main dans le pantalon) n’a plus conscience des conventions sociales et toute notion de temporalité est abolie. Leur vocabulaire se limite à quelques mots bredouillés sans queue ni tête : "no brown, in town… no… no… no brown after six…" (Source: Instagram)
Voyageur dans le temps déçu par ce qu'il voit du futur ? Perdu ! Plouc atteint du syndrome du perroquet mort, en stade terminal. Quand la maladie a atteint ce niveau, il n'y a guère plus d'espoir de retour à la normale. Comme la maladie d'Alzheimer, c'est un aller simple pour un monde de confusion perpétuelle. Le patient devient un masturbateur compulsif (main dans le pantalon) n’a plus conscience des conventions sociales et toute notion de temporalité est abolie. Leur vocabulaire se limite à quelques mots bredouillés sans queue ni tête : "no brown, in town… no… no… no brown after six…" (Source: Instagram)

Un autre exemple de stade terminal, mais en Italie cette fois, où un pèlerinage du nom de Pitti Uomo est organisé. Des milliers de fidèles s'y pressent chaque année, dans l'espoir d'une guérison. C'est le plus grand rassemblement européen de cas désespérés après Lourdes.

So dandy, so sprezzatura.  (Source: GQ)
So dandy, so sprezzatura. (Source: GQ)

Certains deviennent de véritables jardins zoologiques:

Fleur, crotale, boa et perroquet…. Au bal masqué ohé, ohé. (Source: Instagram)
Fleur, crotale, boa et perroquet…. Au bal masqué ohé, ohé. (Source: Instagram)

D'autres exploitent leur maladie et se lancent dans la publicité, ici la nouvelle mascotte pour la boisson Tropico:

Quand c'est trop, c'est Tropico. (Source: Tumblr)
Quand c'est trop, c'est Tropico. (Source: Tumblr)

Bien évidemment, nous ne restons pas ici les bras croisés à nous moquer. Nous avons mis en place une structure pour la prise en charge de ces malades.
Dans nos asiles… heu, hôpitaux, nous tentons tant bien que mal de rassembler ces pauvres âmes égarées afin d'éviter qu'elles ne contaminent la population. À grand coup de médicaments et d'électrochocs, nous tentons de les ramener à la raison. Et bien évidemment, nous prenons soin de leur bien-être. En plus des nombreuses activités ludiques (dessin, zumba, reniflage de derrière…), nous organisons parfois des concours de perroquets morts pour que nos patients puissent mettre des mots sur leurs maux. Voici donc la sélection "Perroquet d'or 2024"

personnalité, mauvaise haleine, sécheresse vaginale et perte de cheveux sont à craindre. La petite Huguette commence tout juste son traitement, elle a donc encore le poil soyeux. (Source: Tumblr)
personnalité, mauvaise haleine, sécheresse vaginale et perte de cheveux sont à craindre. La petite Huguette commence tout juste son traitement, elle a donc encore le poil soyeux. (Source: Tumblr)

Nous travaillons avec les plus grands spécialistes du milieu. Notamment Hugo Chavez Divizio, du Johns Hopkins Hospital.

Un spécialiste du Cocommunisme et de tout autre pathologie concernant les perroquets. (Source: CNN)
Un spécialiste du Cocommunisme et de tout autre pathologie concernant les perroquets. (Source: CNN)

L'autre étant Didier Marcello Mastroianni, de l'université Italienne de Bologne

Dr Didier Marcello Mastroianni est à l'origine d'un traitement novateur qui consiste à déplacer le perroquet mort de la poche de poitrine au milieu du visage. Ses détracteurs lui opposent les risques d'infections oculaires, il leur dit d'aller se faire oculer. (Source: La grande abbuffata)
Dr Didier Marcello Mastroianni est à l'origine d'un traitement novateur qui consiste à déplacer le perroquet mort de la poche de poitrine au milieu du visage. Ses détracteurs lui opposent les risques d'infections oculaires, il leur dit d'aller se faire oculer. (Source: La grande abbuffata)

Enfin, pour compléter cette analyse très poussée du syndrome, nous allons parler de deux variants qui sont plus rares, mais particulièrement virulents. Le premier est celui dit du "perroquet historique". Au lieu d'avoir des couleurs bariolées, le patient exhibe une scène tirée bien souvent de tableaux de maîtres ou d'œuvres classiques, comme c'est le cas ici:

Un patient atteint de la maladie dite du perroquet mort historique. (Source: Instagram).
Un patient atteint de la maladie dite du perroquet mort historique. (Source: Instagram).

Dans ce cas, notre traitement est le suivant :

012 Death of a shill

Notre traitement est le suivant :Le second variant dit de la "fiente de perroquet". Cette fois-ci, le perroquet se trouve en compétition directe avec les revers du porteur. Le perroquet se sentant menacé sur son propre territoire prend alors son envol (métaphoriquement, je rappelle que ces perroquets sont morts) laissant ses déjections dans la poche du porteur. Cette tache est parfois blanche, parfois d’une autre couleur, tout dépend de l’alimentation de l’animal.

Exemple ici:

013 Fiente de Pigeon Bespoke Musella Dembech

Ou encore là (le perroquet avait visiblement une alimentation radioactive)

014 Fiente 2 Sartoria Ripense

Bien évidemment, notre recherche n'aurait pas été complète sans donner la parole aux taxidermistes qui réalisent ces perroquets morts et les proposent à la vente. Notre question a été simple : est-ce un business profitable ?

Voici leur réaction:

014 Rires gras

Comment éviter la contagion?

Déjà, ne pas être un plouc, ça aide. Aujourd'hui, le principe de base de la pochette est… de ne pas avoir d'utilité. Nous l'avons déjà dit, c'était à l'origine un simple mouchoir destiné à recevoir les sécrétions nasales, c'était d'autant plus vrai à une époque où le tabac à priser était encore à la mode. Nous avons déjà établi que c'est un ornement et à ce titre, vous pouvez parfaitement vous en passer. Je vais aller plus loin et dire que dans 90 % des cas, une pochette est parfaitement superflue. Elle n'apporte absolument rien à la tenue. Et je parle là d'une pochette parfaitement banale, pas d'un perroquet mort. Pire, l'exercice est périlleux, puisqu'une pochette mal choisie peut vous faire tomber dans le plouquisme très rapidement. Il y a des mongoles qui estiment que puisque la pochette n'a plus d'utilité elle est appartient au le domaine "de la frivolité", du "fun" et donc de la "décontraction". Relisez le début de la phrase, et vous savez ce que je pense de ces déductions qui sentent le QI à deux décimales.
Dans le cadre des tenues "décontractées", la pochette est bien souvent totalement superflue comme vous pouvez le voir ici:

015 A See

Deux tenues pour ainsi dire identiques. L'une sans pochette, l'autre avec. L'apport visuel de la pochette est négligeable. Il n'est pas non plus désagréable dans la mesure où la pochette se fond dans la tenue, mais il est parfaitement possible de s'en passer.

016 Simp

Le même principe de tenue, mais avec une pochette blanche. Même sans la moustache de simp, ça fait tout de suite un peu plouc.

L'idéal pour une pochette est soit de rehausser (légèrement) la tenue, soit de se fondre dans cette dernière.

Un bel exemple. (Source: tumblr)
Un bel exemple. (Source: tumblr)
Pareil, mais dans un registre plus habillé. (Source: Instagram)
Pareil, mais dans un registre plus habillé. (Source: Instagram)

Toujours dans un registre habillé, la pochette blanche peut éventuellement être utilisée pour rehausser un costume gris, car souvent perçu comme austère.

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Sans pochette:

020

Un simple pochette blanche relèverait l'ensemble, même si à mon sens la tenue fonctionne parfaitement sans.

Alors que là en revanche.... on passe de plouc austère à plouc Bozo le clown à une vitesse éclaire. D'où l'importance de faire preuve de mesure. Mais ça les ploucs l'ignorent, car ils "repoussent les limitent" (dans leur tête, uniquement). (Source: the shill loafers)
Alors que là en revanche.... on passe de plouc austère à plouc Bozo le clown à une vitesse éclaire. D'où l'importance de faire preuve de mesure. Mais ça les ploucs l'ignorent, car ils "repoussent les limitent" (dans leur tête, uniquement). (Source: the shill loafers)

Même principe, mais sur un costume bleu, le conseil est particulièrement valable si la cravate tranche assez peu avec la tenue.

meh

La pochette doit être cohérente avec le reste de la tenue.

Par exemple, la pochette avec un jean va faire plouc et directeur de supermarché (ou d'agence de comptabilité de province)
Par exemple, la pochette avec un jean va faire plouc et directeur de supermarché (ou d'agence de comptabilité de province)

Il n'y a pas vraiment besoin d'en faire plus:

023 jack graham

À moins d'être un Sapeur Congolais qui se branle sur ses pochettes Sulka comme il le ferait avec des culottes usagées achetées sur internet, il n'y a pas besoin d'en faire des tonnes:

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