La Bonne Coupe 3 – Le pantalon : forme, amplitude, plis et longueur.

La fin du legging

Après l’épisode sur la hauteur de la taille on continue avec les pantalons en abordant cette fois le point du tombé.
Qu’est-ce qu’on entend par « tombé » ? C’est l’allure générale que prend le tissu une fois porté : sa forme, son amplitude, ses plis et sa longueur.

À gauche, ce que l'on voit trop souvent, à droite, ce que l'on aimerait voir.
À gauche, ce que l'on voit trop souvent, à droite, ce que l'on aimerait voir.

Le tombé : une question de longueur avant tout

Pour un bon tombé la première idée est justement de permettre au pantalon de « tomber ». Le tissu doit pendre au lieu de s’écraser sur la chaussure en tirant la tronche, d’où l’importance de ne pas avoir un pantalon trop long.

Voilà un pantalon qui pend. Source : Spalla Korea.
Voilà un pantalon qui pend. Source : Spalla Korea.
Trop long le tissu s’affaisse sur lui-même et la jambe est déformée. Source : Flamby
Trop long le tissu s’affaisse sur lui-même et la jambe est déformée. Source : Flamby

Il est plutôt rare aujourd’hui de voir des pantalons trop longs comme c’était le cas il y a dix ans. On est passés globalement à l’extrême opposé avec des pantalons très courts qui dévoilent les chevilles, et c’est aussi vrai dans le milieu sartorial. Le second cas est mieux esthétiquement que le premier car le pantalon conserve un tombé, mais autant le trop long que le trop court tassent la silhouette.

Le pantalon trop long élargit la silhouette dans le bas alors qu’elle doit justement s’affiner à cet endroit pour conserver une projection en V. Le pantalon trop court réduit la hauteur perçue de la jambe.
Le pantalon trop long élargit la silhouette dans le bas alors qu’elle doit justement s’affiner à cet endroit pour conserver une projection en V. Le pantalon trop court réduit la hauteur perçue de la jambe.
Les crétins du Pitti se sentent subversifs en dévoilant leurs mi-bas jaunes sur 10cm alors qu’aujourd’hui certains se baladent en short et chaussettes hautes blanches Fila. Normalement la cheville se découvre qu’en position assise.
Les crétins du Pitti se sentent subversifs en dévoilant leurs mi-bas jaunes sur 10cm alors qu’aujourd’hui certains se baladent en short et chaussettes hautes blanches Fila. Normalement la cheville se découvre qu’en position assise.

Comme tu l’as sûrement déjà lu, un pantalon qui casse légèrement dans le bas est acceptable, de même qu’un pantalon un peu court. Le choix dépend du goût et de la mode.
Vu que dans le style classique la beauté est souvent dans le détail et la précision on peut quand même considérer un pantalon qui frôle juste la chaussure sans jamais casser comme la solution optimale. Difficile techniquement vu que le pantalon a tendance à glisser légèrement au fil du port : en général on opte pour du court afin de se laisser une marge et éviter que le pantalon ne finisse par casser de manière imprévue.

Certaines chaussures sont plus hautes que d’autres donc attention lors des essayages : un pantalon qui tombe juste sur mocassin peut être trop long sur derby ou richelieu.
Certaines chaussures sont plus hautes que d’autres donc attention lors des essayages : un pantalon qui tombe juste sur mocassin peut être trop long sur derby ou richelieu.
Sans bretelles le pantalon a tendance à changer de niveau. L’accessoire est indispensable pour un résultat de haute précision.
Sans bretelles le pantalon a tendance à changer de niveau. L’accessoire est indispensable pour un résultat de haute précision.

Les coupes du pantalon

Il y a deux visions de la coupe du pantalon en fonction du rôle laissé au corps dans la définition de la silhouette :
- La coupe ample/structurante : Le tissu laisse entièrement respirer la jambe et la forme du pantalon détermine aussi celle de la silhouette. C’est la vision classique/sartoriale.
- La coupe serrée/peu structurante ou non-structurante : Le tissu est proche du corps et c’est la jambe qui définit cette fois partiellement ou entièrement la silhouette. On peut parler de slim ou skinny pour reprendre la terminologie moderne.

Une coupe ample structure entièrement la jambe.
Une coupe ample structure entièrement la jambe.
Le principe du slim au contraire est de faire ressortir les fesses, les cuisses, les mollets, et parfois les burnes.
Le principe du slim au contraire est de faire ressortir les fesses, les cuisses, les mollets, et parfois les burnes.

Est-ce qu’on doit absolument se diriger vers le pantalon large si on prétend s’inscrire dans la mouvance sartoriale ? Contrairement à ce qu'on pourrait croire la pièce est minoritaire dans l’histoire. Les pinces, plis et autres standards classiques actuels sont des inventions du XXe siècle. Chez les premiers Dandys et même avant la Révolution les pantalons étaient plutôt serrés. Ce type de coupe a donc une légitimité historique, et la rejeter complètement reviendrait à résumer le classicisme aux années 20-30.
Le serré n’est pas en soi un problème, le vrai soucis est qu’il est généralisé aujourd’hui plutôt que de coexister avec les coupes amples, ce qui a pour conséquence que :
1° on applique des coupes slim ou skinny à des types de pantalons qui ne les supportent pas ;
2° on a une tendance naturelle à se diriger vers ces coupes même si on devrait l’éviter.

Les dandys du XIXe portaient des pantalons serrés. Illustration : Paul Rainer
Les dandys du XIXe portaient des pantalons serrés. Illustration : Paul Rainer
Les coupes amples sont un détail de l’histoire du pantalon.
Les coupes amples sont un détail de l’histoire du pantalon.

Ceci étant dit il faut quand même affirmer que la coupe ample a de gros avantages par rapport à la coupe ajustée :
1° elle donne de la stature et une allure robuste ;
2° elle gomme les défauts physiques ;
3° elle est beaucoup plus confortable.
Le seul avantage du serré est en définitive de mettre un beau corps en évidence (ce qui se défend).

Photo extraite de l’excellent article de Stiff-Collar sur la ligne des jambes. Un pantalon ample permet de garder une bonne ligne malgré une posture de jambes atypique ou un excès de gras, alors qu’elle serait complètement déformée avec une coupe ajustée.
Photo extraite de l’excellent article de Stiff-Collar sur la ligne des jambes. Un pantalon ample permet de garder une bonne ligne malgré une posture de jambes atypique ou un excès de gras, alors qu’elle serait complètement déformée avec une coupe ajustée.
A cause de la complexité des articulations du bas du corps les pantalons ont toujours causé problème. La solution la plus pratique est théoriquement de séparer la jambe en deux, avec une culotte et des bottes/bandes molletières par exemple (solution choisie par les militaires durant la Première Guerre Mondiale). Les pantalons du XIXe étaient réputés inconfortables, tout comme ceux du prêt-à-porter actuel, problème que résout le pantalon classique grâce à son amplitude généreuse.
A cause de la complexité des articulations du bas du corps les pantalons ont toujours causé problème. La solution la plus pratique est théoriquement de séparer la jambe en deux, avec une culotte et des bottes/bandes molletières par exemple (solution choisie par les militaires durant la Première Guerre Mondiale). Les pantalons du XIXe étaient réputés inconfortables, tout comme ceux du prêt-à-porter actuel, problème que résout le pantalon classique grâce à son amplitude généreuse.

La coupe du pantalon classique

Le pantalon classique, à plis ou à pinces, est sans aucun doute la pièce la plus caractéristique du style classique et de la mouvance sartoriale. Il est composé de plis ou de replis de tissu à l’avant et à l’arrière.

Tout le monde connait le « pantalon de costume » avec pli central avant et arrière. Quand les plis consistent en fait en des replis du tissu sur lui-même pincés dans la ceinture, on parle de pantalon « à pinces ».
Tout le monde connait le « pantalon de costume » avec pli central avant et arrière. Quand les plis consistent en fait en des replis du tissu sur lui-même pincés dans la ceinture, on parle de pantalon « à pinces ».

Ici pas le choix : la pièce est pensée pour être portée large, c’est-à-dire ne pas épouser les formes de la jambe.
Pour un même confort le pantalon a besoin de beaucoup plus de matière en position assise qu’en position debout. Si on place assez de matière pour la station assise, aucun problème d’aisance sur toute l’amplitude de mouvement, en revanche il y a un excès de matière debout qui peut être désavantageux pour la silhouette (assez fâcheux puisque c’est debout que le pantalon se remarque et a intérêt à être beau). C’est là que les plis interviennent : le tissu a assez de matière pour couvrir tout le mouvement mais se plie debout pour paraitre moins volumineux et désencombrer la jambe. Les pinces quant à elles permettent de rajouter encore plus de matière –et donc de confort- en conservant le même rendu.

Les pinces orientées vers l'intérieur sont dites pinces françaises. Pour celles vers l'extérieur (voir photo précédente) on parle de pinces italiennes.
Les pinces orientées vers l'intérieur sont dites pinces françaises. Pour celles vers l'extérieur (voir photo précédente) on parle de pinces italiennes.
Sur ce pantalon, pas de pinces mais un pli très marqué.
Sur ce pantalon, pas de pinces mais un pli très marqué.

Donc au niveau de la coupe, le pli avant doit être marqué, droit et continu, sans jamais s’effacer sur la cuisse, le pli arrière doit partir en ligne droite de la fesse jusqu’à la cheville, et les poches et pinces éventuelles doivent êtres fermées debout.

Pantalon Bernard Zins
Pantalon Bernard Zins
Si vous avez peur de porter un pantalon à pinces coupé ample, vous pouvez casser le côté "papy" avec une veste très décontractée et brut comme une veste en jean (veillez à ne pas trop la prendre ajustée afin de respecter les proportions du pantalon et ne pas donner l'impression que vous avez des hanches larges). Source : PermanentStyle.
Si vous avez peur de porter un pantalon à pinces coupé ample, vous pouvez casser le côté "papy" avec une veste très décontractée et brut comme une veste en jean (veillez à ne pas trop la prendre ajustée afin de respecter les proportions du pantalon et ne pas donner l'impression que vous avez des hanches larges). Source : PermanentStyle.
En hiver, vous pouvez oser le bombardier avec un col roulé rentré dans un pantalon taille haute en flanelle. Source : Milad Abedi.
En hiver, vous pouvez oser le bombardier avec un col roulé rentré dans un pantalon taille haute en flanelle. Source : Milad Abedi.

Si le pantalon marque les fesses ou les cuisses, les plis et pinces sont déjà ouverts en position debout, ce qui ruine à la fois leur esthétique et leur effet pratique.
Aujourd’hui on voit pas mal de pantalons à pli revenir dans des coupes slim voire skinny : les plis centraux s’effacent sur la cuisse alors que poches et pinces potentielles sont ouvertes en permanence. Certains vont défendre cette vision,  je trouve pour ma part le résultat grotesque : arborer de cette manière des éléments afonctionnels donne vraiment un rendu surfait, j’ai la même impression qu’en regardant un mauvais remake d’un film des années 80.

Ici la coupe est trop serrée. Les pinces sont ouvertes, le pli central est complètement plaqué sur la cuisse et perd son effet.
Ici la coupe est trop serrée. Les pinces sont ouvertes, le pli central est complètement plaqué sur la cuisse et perd son effet.
C’est d’un manque de matière dans la zone des fesses que vient souvent le problème : à partir de l’angle des fessiers le pantalon doit partir en ligne continue vers le bas. Les coupes slim sont plus serrées à la fois sur le haut de la cuisse (la base des fesses) et le tour de fesses en lui-même.
C’est d’un manque de matière dans la zone des fesses que vient souvent le problème : à partir de l’angle des fessiers le pantalon doit partir en ligne continue vers le bas. Les coupes slim sont plus serrées à la fois sur le haut de la cuisse (la base des fesses) et le tour de fesses en lui-même.
Illustration d’un manque de matière au niveau du fessier : le tissu plaque sur l’ischio et la ligne du pli part complètement de travers dans le bas.
Illustration d’un manque de matière au niveau du fessier : le tissu plaque sur l’ischio et la ligne du pli part complètement de travers dans le bas.
Si le pantalon tire trop au niveau du tour de fesse les poches s’ouvrent (comme ici à gauche) et créent un effet disgracieux.
Si le pantalon tire trop au niveau du tour de fesse les poches s’ouvrent (comme ici à gauche) et créent un effet disgracieux.

Quoiqu’il en soit les pantalons sartoriaux actuels sont quand même influencés par cette mode du serré. Ils tendent souvent à être le plus ajusté possible et à appuyer légèrement la forme des fesses (sans toutefois les marquer complètement comme sur du slim). Le rendu de profil n’est plus le même qu’il y a un siècle.

La règle classique veut que le pantalon parte en ligne droite jusqu’en bas depuis le point le plus large de la fesse. Le pli est fermé à l’arrière et forme ce qu’on appelle un « drapeau ». Comme sur la photo beaucoup de pantalons aujourd’hui tendent à être le plus ajustés possibles. Source : Zane Lim.
La règle classique veut que le pantalon parte en ligne droite jusqu’en bas depuis le point le plus large de la fesse. Le pli est fermé à l’arrière et forme ce qu’on appelle un « drapeau ». Comme sur la photo beaucoup de pantalons aujourd’hui tendent à être le plus ajustés possibles. Source : Zane Lim.

La coupe des autres pantalons

A côté des pantalons classiques à plis/pinces, on a ce qu’on appelle les pantalons « plats », qui concernent aujourd’hui les chinos et les jeans.
Traditionnellement le chino militaire était porté de manière assez large, mais on voit aussi des coupes plus serrées sur des vieilles photos de la Ivy League. Le jeans quant à lui est presque devenu un vêtement serré par nature.

Les pantalons plus casual comme les chinos ou jeans peuvent- et doivent- se porter plus près du corps en raison de l’absence de plis.
Les pantalons plus casual comme les chinos ou jeans peuvent- et doivent- se porter plus près du corps en raison de l’absence de plis.
Des étudiants de la Ivy League en chino.
Des étudiants de la Ivy League en chino.
Le jeans est une pièce qui revient de plus en plus dans les vestiaires sartoriaux malgré son origine workwear.
Le jeans est une pièce qui revient de plus en plus dans les vestiaires sartoriaux malgré son origine workwear.

Comme je l’ai développé le pantalon plat ajusté est une vraie régression technique et esthétique par rapport au pantalon classique. Il est moins confortable et ne va qu’à peu de personnes. Pourquoi tout le monde se trimballe en jeans skinny aujourd’hui alors ? On peut distinguer plusieurs facteurs :
- le pantalon plat est plus facile à entretenir
- la mode du serré s’est ancrée comme symbole de la libération sexuelle après 68, mode fitness
- resserrer les pantalons a été un avantage économique (plus facile et rapide à produire, plus facilement présentable, etc).
Vu cet état de fait c’est quasiment impossible de ne pas posséder quelques pantalons ajustés aujourd’hui. C’est même par le chino qu’on se lance dans le sartorialisme.

Ici le chino est suffisamment ajusté. Source : Bernard Zins.
Ici le chino est suffisamment ajusté. Source : Bernard Zins.
Cependant j’exclurais le serré total (le skinny) : trop passager, beaucoup trop éloigné des standards esthétiques classiques actuels.
Cependant j’exclurais le serré total (le skinny) : trop passager, beaucoup trop éloigné des standards esthétiques classiques actuels.
Le « fold appeal » est une pratique marketing qui consiste à rendre les vêtements présentables en étalage une fois pliés. Il a poussé les pantalons à devenir plus droits (et donc serrants) au niveau des hanches.
Le « fold appeal » est une pratique marketing qui consiste à rendre les vêtements présentables en étalage une fois pliés. Il a poussé les pantalons à devenir plus droits (et donc serrants) au niveau des hanches.

Pour des coupes ajustées type slim le pantalon devrait dans l’idéal suivre la cuisse sans trop la marquer de sorte à conserver une ligne logique et ne pas créer de tensions excessives. Un haut étroit sur la jambe couplé à un bas ample est disgracieux.

Les chinos plats paraissent bien fades par rapport aux pantalons à pinces. C’est pourtant une bonne pièce sur bien des aspects : elle est peu coûteuse, on en trouve partout dans une grande variété de coupes, elle est essentielle en débutant et joue ensuite un rôle de pantalon d’appoint. Source : Drake's.
Les chinos plats paraissent bien fades par rapport aux pantalons à pinces. C’est pourtant une bonne pièce sur bien des aspects : elle est peu coûteuse, on en trouve partout dans une grande variété de coupes, elle est essentielle en débutant et joue ensuite un rôle de pantalon d’appoint. Source : Drake's.
Les fesses sont marquées et la coupe suit la jambe de manière équilibrée : jamais le tissu n’est plaqué excessivement sur le corps.
Les fesses sont marquées et la coupe suit la jambe de manière équilibrée : jamais le tissu n’est plaqué excessivement sur le corps.
Grâce à leur toile épaisse les jeans peuvent être très ajustés tout en conservant un aspect assez uniforme. Source : @david_park07
Grâce à leur toile épaisse les jeans peuvent être très ajustés tout en conservant un aspect assez uniforme. Source : @david_park07

Si le pantalon plat n’a pas de plis ou de pinces il a quand même des poches qui s’ouvrent surtout lorsque celui-ci est trop ajusté. Une astuce dans ce cas est de choisir des chinos à poches cavalières plutôt qu’à poches en biais. Le montage horizontal empêche l’ouverture en cas de tension.

Au départ prévues pour être accessibles depuis un cheval monté, les poches « cavalières » sont également présentes sur la plupart des jeans. Elles sont un peu plus rares sur les chinos mais sont un choix judicieux pour éviter l’ouverture des poches debout.
Au départ prévues pour être accessibles depuis un cheval monté, les poches « cavalières » sont également présentes sur la plupart des jeans. Elles sont un peu plus rares sur les chinos mais sont un choix judicieux pour éviter l’ouverture des poches debout.
Sur un pantalon classique elles peuvent apporter une variation subtile. Source : Ambrosi / The Armoury.
Sur un pantalon classique elles peuvent apporter une variation subtile. Source : Ambrosi / The Armoury.

Enfin en cas d’excès de gras, de cuisses trop imposantes ou de posture de jambes « anormale » (arquées ou cogneuses) un pantalon ajusté se déforme et ne fait pas une belle jambe. Il vaut mieux dans ce cas privilégier les coupes larges.

Notez que plus le buste se verra structurer par le vêtement pour lui donner une allure athlétique et anguleuse (hauteur de boutonnage, forme des revers, forme de l'épaule, découpe du dos...) et plus le bas devra être ample afin de ne pas créer une disproportion. C'est aussi pour cette raison qu'un pantalon ample porté sans veste n'est pas forcément très esthétique car le bas apparaît disproportionné par rapport au buste (à moins d'être musclé, et dans ce cas là le réequilibrage visuel se fait naturellement, c'est également pour cette raison qu'une veste moins structurée sied mieux aux physiques athlétiques car autrement il y a surcompensation de carrure). A l'inverse, on peut être amateur de la silhouette "saint galmier" (bouteille de Badoit), qui reprend les codes esthétiques des vêtements à taille. La taille est serrée et les épaules étroites pour des manches amples et un bassin assez large mais la cuisse et le mollet sont également à l'étroit. Ce genre de silhouette est plutôt réservée à un homme petit et très mince, autrement elle apparaît vraiment grotesque.

Evitez d'associer une veste avec un chino ou jeans à coupe trop ajustée, le décalage de structure et d’amplitude peut créer une rupture trop importante dans la ligne de silhouette. Avec un pantalon plus large, la silhouette redevient équilibrée. Source : Giovanni D'Antonio.
Evitez d'associer une veste avec un chino ou jeans à coupe trop ajustée, le décalage de structure et d’amplitude peut créer une rupture trop importante dans la ligne de silhouette. Avec un pantalon plus large, la silhouette redevient équilibrée. Source : Giovanni D'Antonio.

L’ouverture de cheville

Reste à parler de l’ouverture de cheville.
La tendance aujourd’hui est d’avoir un bas de pantalon étroit, ce qui n’altère pas forcément le rendu d’ensemble. Par contre l’ouverture  de cheville sert à rétablir une harmonie avec la longueur des souliers. Un bas étroit avec un derby un peu long ou des grands pieds peut donne une allure de clown. Attention donc à moduler correctement l’ouverture en fonction des situations.

L’ouverture de cheville peut être plus ou moins étroite mais doit respecter une harmonie avec la chaussure et le haut du pantalon.
L’ouverture de cheville peut être plus ou moins étroite mais doit respecter une harmonie avec la chaussure et le haut du pantalon.
Le chino ne recouvre pas assez la chaussure pour supporter ce modèle. Le pied parait trop long.
Le chino ne recouvre pas assez la chaussure pour supporter ce modèle. Le pied parait trop long.
Si le pantalon est trop serré sur le haut (souvent au genou) le bas peut être déporté complètement vers l’arrière : dans ce cas la partie inférieure forme une sorte « d’éperon », le pantalon ne recouvre plus la chaussure mais est plaqué contre l’avant de la cheville. Le port de chaussures longues devient problématique car le bas du pantalon ne joue plus son rôle.
Si le pantalon est trop serré sur le haut (souvent au genou) le bas peut être déporté complètement vers l’arrière : dans ce cas la partie inférieure forme une sorte « d’éperon », le pantalon ne recouvre plus la chaussure mais est plaqué contre l’avant de la cheville. Le port de chaussures longues devient problématique car le bas du pantalon ne joue plus son rôle.

Conclusion

Il est délicat d’émettre une vérité générale concernant la coupe d'un pantalon même du point de vue des canons du genre. L'idéal est d'avoir une coupe respectueuse de votre morphologie (votre taille, votre corpulence, cuisses fines ou musclées, taille des pieds, fessiers prononcés ou non, posture...) et ensuite de chercher la cohérence. Par cohérence, nous entendons qu'une veste structurée (par exemple) s’accommode mieux d'un pantalon ample à pinces françaises dont le rendu est un peu bouffant. Si vous souhaitez des pinces sur un pantalon plus ajusté préférez les pinces italiennes, et si vous voulez un pantalon encore plus ajusté préférez le sans pince de crainte qu'elles ne s'ouvrent. Un pantalon casual supporte mieux les fantaisies de coupe et de matière qu'un pantalon formel. Sur un jean ou un chino, vous pouvez vous permettre de le faire couper assez court, de faire un revers à la main, le porter assez ajusté ou très ample... et le reste doit être cohérent, par exemple une veste totalement déstructurée coupée un peu plus courte que la norme si le pantalon est assez ajusté et que sa taille est naturelle-basse (une veste longue sied mieux à un pantalon taille haute). De la même façon, suivant la matière vous devez vous orienter vers telle ou telle coupe : un pantalon dans une matière lourde supporte mieux une coupe ample avec une longueur qui donne un beau cassant, alors qu'une coupe ajustée sera inconfortable et donnera un cassant disgracieux en forme de tire-bouchon. En revanche une matière fine supporte mieux une coupe ajustée et un feu de plancher voire une coupe assez courte (le cassant sera disgracieux avec une matière légère). De même, une paire de mocassins supporte bien mieux le pantalon coupé court car les deux sont associés à la décontraction estivale. Si vous comptez garder vos pantalons longtemps, essayez de rester proche des canons classiques au lieu de tendre vers les extrêmes qui seront plus marqués dans la mode de leur époque.

Retrouvez les autres articles La Bonne Coupe

La Bonne Coupe 1 : Survivre aux tranchées
Sur la longueur du trench, son cintrage, la position de la ceinture et des boutons... feat nos amis de chez BonneGueule 🙂

La Bonne Coupe 2 : Remonte ton froc
Début d'une série d'articles traitant les différents aspects de la coupe du pantalon et pointant du doigt les problèmes récurrents, à commencer par la hauteur du pantalon. Résumé : les tailles basses, c'est de la merde !

La Bonne Coupe 3 : La fin du legging
On continue avec les pantalons en abordant cette fois le point du tombé, c'est à dire l'allure générale que prend le tissu : sa forme, son amplitude, ses plis et sa longueur.

 

Concilier t-shirt et sartorialisme

Comment redonner de la dignité à une loque

Dieu sait que les utilisations du t-shirt dans un contexte sartorial sont rares, tellement rares qu’il m’a été difficile d’illustrer l’article ! Il faut dire que son côté très informel en fait une pièce en soi peu élégante, c’est pourquoi les amateurs lui préfèrent en général la chemise ou le polo les jours chauds. C’est vrai qu’on a tendance à penser qu’il est dommage de se cultiver et de dépenser autant d’argent en vêtements de qualité pour continuer à se coltiner le fameux « tee » de l’étudiant plouc de base, mais son port classique existe pourtant bien et il serait dommage de s’en priver.

Voilà comment on s’imagine le port commun du t-shirt aujourd’hui : moche et sans âme.
Voilà comment on s’imagine le port commun du t-shirt aujourd’hui : moche et sans âme.
On peut aussi penser à un style rock accompagné d’un jeans et d’un perfecto.
On peut aussi penser à un style rock accompagné d’un jeans et d’un perfecto.
A cause de son côté très informel, il fait facilement sortir du cadre sartorial, surtout s’il est porté sorti du pantalon.
A cause de son côté très informel, il fait facilement sortir du cadre sartorial, surtout s’il est porté sorti du pantalon.

De quel t-shirt on parle ?

On le voit aujourd’hui beaucoup dans des styles rock ou streetwear, mais le t-shirt a pourtant une histoire militaire. Le vêtement a été adopté par la US Navy au début du XXe siècle comme un maillot de corps pour son côté pratique : léger, peu coûteux, confortable, facile à laver et hygiénique.

Pas de fioritures : simple mais pourtant éloigné de ce qui se fait de nos jours.
Pas de fioritures : simple mais pourtant éloigné de ce qui se fait de nos jours.

On peut en trouver de toutes les matières et de toutes les formes, mais il est traditionnellement en coton et porté près du corps, avec un col rond et des manches très courtes. C’est comme ça qu’on préconise encore de le choisir. Pas de problème si les manches sont un peu longues : il y a toujours moyen de les rouloter pour adapter la longueur.

La manche peut recouvrir entièrement l’épaule. C’est la forme répandue aujourd’hui.
La manche peut recouvrir entièrement l’épaule. C’est la forme répandue aujourd’hui.
On peut aussi opter pour des manches très courtes qui dévoilent l’épaule façon Marlon pour montrer qu’on n’a pas chômé avec les élévations latérales. C’est la coupe militaire classique du t-shirt.
On peut aussi opter pour des manches très courtes qui dévoilent l’épaule façon Marlon pour montrer qu’on n’a pas chômé avec les élévations latérales. C’est la coupe militaire classique du t-shirt.
Mais il est aussi possible de rouloter la manche, ce qui rajoute un relief esthétique et flatte la carrure. Peu de gens appliquent l’astuce donc profitez-en. Source : Ouigi Theodore
Mais il est aussi possible de rouloter la manche, ce qui rajoute un relief esthétique et flatte la carrure. Peu de gens appliquent l’astuce donc profitez-en. Source : Ouigi Theodore

Niveau couleur il vaut mieux privilégier son blanc originel, mais on peut aussi se tourner vers d’autres tons basiques comme le gris,  le marine, voire le bordeaux et kaki. Évitez juste toutes les couleurs flashy, les motifs et les logos dégueulasses qui vous transforment en publicité humaine. Exception toutefois pour le motif marinière qui peut être cohérent –surtout si vous pilotez un yacht.

Levi’s, sponsor officiel des seins de ta copine. En tant qu’hommes on essaiera de rester plus subtiles en proscrivant tout logo.
Levi’s, sponsor officiel des seins de ta copine. En tant qu’hommes on essaiera de rester plus subtiles en proscrivant tout logo.

Comment porter le t-shirt ?

Si l’article porte plutôt sur le port visuel du t-shirt on peut tout de même rappeler dans un premier temps sa fonction initiale de sous-vêtement. Il n’apparaît alors pas, ne pose pas de question de style et n’a qu’un rôle hygiénique. Certains préfèrent ainsi son port au contact direct d’une chemise, que ce soit par soucis de confort ou de durabilité.

Sinon c’est plutôt un contexte estival de détente qui se prête à le dévoiler : balade en yacht, après-midi dans une villa piscine, déjeuner en bord de mer avec sa copine. Son côté léger et facile à enfiler (on parle bien du t-shirt) en fait un choix judicieux. On imagine bien dans ces situations le côté chiant d’une chemise dans laquelle on transpire beaucoup et qu’il faut déboutonner avant de piquer une tête.

Sortez-le là où il y a de l’eau.
Sortez-le là où il y a de l’eau.

On peut d’abord l’envisager avec un pantalon, aussi bien formel (laine grise) que casual (lin beige), mais il faut absolument que ce dernier soit dans un registre sartorial sous peine de sortir du thème. On peut ainsi opter pour un jeans seulement si la coupe est classique, par exemple avec une taille haute, et qu’on retrouve aux pieds des mocassins, espadrilles ou autres souliers d’été. On prendra soin également de rentrer le t-shirt dans le pantalon pour éviter un côté relâché trop contemporain et conserver l’esprit de vêtement militaire.
Le cas audacieux mais typique est celui du t-shirt porté seul avec un pantalon à pinces gurkha. Il peut dans ce cas s’accommoder d’un foulard rentré ou sorti du col.

D’abord le cas le plus formel : t-shirt gris avec pantalon de laine gris…
D’abord le cas le plus formel : t-shirt gris avec pantalon de laine gris…
… le port d’une ceinture marron casualise la tenue.
… le port d’une ceinture marron casualise la tenue.
Mais la simplicité du t-shirt est aussi une manière de mettre en avant les fermetures gurkha. Notez l’utilisation d’un foulard. Source : Max Salomon
Mais la simplicité du t-shirt est aussi une manière de mettre en avant les fermetures gurkha. Notez l’utilisation d’un foulard. Source : Max Salomon
Et enfin à l’extrême opposée du spectre de formalisme : le pantalon beige léger avec ceinture tressée marron. Source : James Jonathan Turner
Et enfin à l’extrême opposée du spectre de formalisme : le pantalon beige léger avec ceinture tressée marron. Source : James Jonathan Turner

On peut aussi l’accompagner d’une chemise qui prend alors le rôle de veste. On la porte ouverte en dehors du pantalon ou, solution étonnante mais qui fonctionne, à moitié déboutonnée dans celui-ci, laissant apparaître le t-shirt en couche inférieure. Il arrive que certains portent la chemise boutonnée hors du pantalon, choix peu judicieux esthétiquement puisqu’on masque le marquage de taille.

Ici avec une chemise ouverte sortie, dans une tenue qu’on pourrait envisager pour les journées chaudes en ville. Notez que le type assume pleinement le rôle de veste de la chemise en y ajoutant même une pochette, ce qui peut être plus ou moins heureux selon les cas.
Ici avec une chemise ouverte sortie, dans une tenue qu’on pourrait envisager pour les journées chaudes en ville. Notez que le type assume pleinement le rôle de veste de la chemise en y ajoutant même une pochette, ce qui peut être plus ou moins heureux selon les cas.
Pour le t-shirt avec chemise rentrée, difficile de trouver des illustrations parlantes mais on peut prendre cet exemple, en imaginant une chemise à la place du blouson et un t-shirt à la place de la chemise …
Pour le t-shirt avec chemise rentrée, difficile de trouver des illustrations parlantes mais on peut prendre cet exemple, en imaginant une chemise à la place du blouson et un t-shirt à la place de la chemise …
Ici une idée hybride avec la chemise sortie et seulement deux boutons fermés. Je préfère personnellement la garder complètement ouverte pour conserver le marquage de taille.
Ici une idée hybride avec la chemise sortie et seulement deux boutons fermés. Je préfère personnellement la garder complètement ouverte pour conserver le marquage de taille.

Il faut par contre éviter absolument de le porter avec une veste sport. Premièrement c’est peu hygiénique car vous allez suer à l’intérieur. Deuxièmement l’écart formel entre les deux pièces est trop important ce qui rend le montage illogique, artificiel et peu élégant – comme la plupart des looks « casual chic » à la Parisienne d’ailleurs. Pourquoi ôter la chemise et non la veste s’il fait trop chaud ? Soit on assume qu’il fasse assez tempéré pour porter une veste et une chemise dont le col se marie mieux, soit on transpire et on ôte la couche la plus chaude qui est la veste.
On peut par contre prévoir une veste plus casual comme une Harrington ou une Valstar pour les moments plus frais de la journée.

Avec un t-shirt sorti le rendu est beaucoup trop relâché …
Avec un t-shirt sorti le rendu est beaucoup trop relâché …
… on est vraiment dans une caricature du bobo parisien qui veut se la jouer branché.
… on est vraiment dans une caricature du bobo parisien qui veut se la jouer branché.
T-shirt rentré on retrouve une certaine rigueur dans la ligne, mais c’est toujours surfait. Source : HeSpokeStyle
T-shirt rentré on retrouve une certaine rigueur dans la ligne, mais c’est toujours surfait. Source : HeSpokeStyle
Mais on peut quand même porter une veste type Harrington le matin ou en soirée.
Mais on peut quand même porter une veste type Harrington le matin ou en soirée.

L’autre manière de porter le t-shirt apparent est avec un short en tenue d’été complète, et particulièrement un short ghurka afin de jouer pleinement sur le côté militaire. L’extrême simplicité du t-shirt met en évidence le côté rugueux de la fermeture gurkha. L’assemblage a plus de gueule que les fades polo ou chemise-bermuda qu’on voit beaucoup le long des plages.

Quelques tenues portuaires : à gauche une marinière portée avec un bermuda et un foulard, à droite un pantalon taille haute avec chemisette marine, qui aurait aussi bien pu être un t-shirt actuellement, et espadrilles. Notez également le marcel en fond. Source : Apparel Arts
Quelques tenues portuaires : à gauche une marinière portée avec un bermuda et un foulard, à droite un pantalon taille haute avec chemisette marine, qui aurait aussi bien pu être un t-shirt actuellement, et espadrilles. Notez également le marcel en fond. Source : Apparel Arts
Même esprit marin mais avec un t-shirt et un short gurkha cette fois. Source : Ethan M. Wong
Même esprit marin mais avec un t-shirt et un short gurkha cette fois. Source : Ethan M. Wong

On peut même aller un peu plus loin en ajoutant une chemisette, pièce tout aussi controversée et parfois trop dénigrée, pour un résultat des plus intéressants.

Une chemisette militaire joue parfaitement le rôle de veste d’appoint.
Une chemisette militaire joue parfaitement le rôle de veste d’appoint.
Mais on peut aussi envisager un style plus estival avec du lin bleu ciel par exemple.
Mais on peut aussi envisager un style plus estival avec du lin bleu ciel par exemple.

Le t-shirt soutien d’une tenue ?

La couleur blanche originelle du t-shirt est un avantage sur lequel il est intéressant de compter. Elle va avec tout.
Il y a donc une manière assez intéressante d’utiliser le t-shirt blanc (à col rond uniquement) qui consiste à lui permettre d’asseoir un camaïeu. Prenons l’exemple de cette photo de Tomoyoshi Takada.

Tomoyoshi Takada

Oublions le collier qui n’a pas d’intérêt et qui manque de sobriété ainsi que les volumes qui correspondent au mode de vie d’une culture différente (au Japon, les pantalons très amples sont utiles car ils permettent d’être assis en tailleur facilement lors des repas).
Concentrons-nous sur le camaïeu de la veste, du pantalon et de la chemise, même couleur sur trois tons voisins.
Le t-shirt blanc là joue deux rôles, il rappelle l’esprit sous-vêtement militaire qui s’accorde très bien au khaki de la tenue et le blanc vient créer le contraste nécessaire pour que le camaïeu devienne intéressant.

Cette utilisation du t-shirt blanc serait tout aussi intéressante avec un camaïeu de bleu.
Prenez le blazer croisé bleu marine de votre penderie, une chemise chambray indigo ouverte sur un tee-shirt blanc, un chino bleu indigo voir même un jean un peu délavé s’il est taille haute et suffisamment large pour ne pas apercevoir votre parentalité. Vous verrez que votre tee-shirt blanc donnera plus de contraste entre les différentes tonalités de bleu et votre tenue sera simplement plus réussie.
C’est l’une des manières les plus efficaces de simplifier un croisé et de l’utiliser dans des mises moins formelles.

Source : Steve Calder
Source : Steve Calder

Où se procurer un t-shirt ?

Le t-shirt est un vêtement qu’on va malmener par une exposition à la transpiration, au chlore, au sel et aux autres commodités de l’été : il va de fait falloir le remplacer régulièrement donc pas besoin d’aller chercher la qualité. On peut conseiller le classique Uniqlo, mais n’importe quelle marque qui propose des coupes correctes dans les dix à vingt euros fera largement l’affaire. Pas de prise de tête en somme.
Certaines marques comme Monoprix proposent des manches assez courtes qui se rapprochent de l’esprit classique du vêtement.

Retenons en définitive que le t-shirt est une option sérieuse pour une garde-robe sartoriale d’été. Beaucoup ont tenté de lui donner trop d’importance en l’érigeant comme étendard de la décontraction vestimentaire moderne, l’intégrant dans des tenues toujours plus bâtardes et lui donnant par la même occasion une mauvaise réputation. Or il garde sa dignité quand il reste simplement ce qu’il est : un modeste (sous-)vêtement de corps qu’on dévoile sans prétention les jours chauds.

Source : Danilo Carnevale
Source : Danilo Carnevale
Source : DieWorkwear
Source : DieWorkwear
Source : Spalla Korea
Source : Spalla Korea
tumblr_inline_payxr40GQh1qfex1b_500
39310815_323499038197767_6999112309385723904_n
tumblr_omiz05Dcx41tqytnzo1_1280
tumblr_inline_payxr7ldnb1qfex1b_500
tumblr_p39ohqGfIp1tqytnzo1_1280
tumblr_inline_payxr9MUNr1qfex1b_500
téléchargement