La chemise en flanelle : une pièce décontractée idéale pour l’automne

Une fois n’est pas coutume, notre article d’aujourd’hui nous emmène loin du style ritalo-sartorial tristement célèbre du fait d’instagram, ses cols cutaway et ses rayures bengale. Tournons-nous plutôt vers le monde anglo-saxon et penchons-nous sur un grand classique du vestiaire masculin, aux multiples qualités : la chemise en flanelle.

Sources : Kiel James Patrick (gauche), Five Point Fox (centre), @gezzaseyes (droite).
Sources : Kiel James Patrick (gauche), Five Point Fox (centre), @gezzaseyes (droite).

Au sens large, il s’agit de n’importe quelle chemise confectionnée en utilisant de la flanelle, une étoffe de laine cardée originaire du Pays de Galles. Cependant, la chemise en flanelle d’aujourd’hui présente plusieurs caractéristiques précises.
Tout d’abord, l’étoffe : si quelques maisons produisent encore des chemises en laine (on pensera notamment à la vénérable institution américaine Pendleton Woolen Mills), l’immense majorité des modèles proposés est en flanelle de coton. Regrettable mais inévitable évolution de l’industrie du vêtement.
Le motif ensuite : la chemise en flanelle est malheureusement souvent associée dans l’imaginaire collectif à un tartan criard. Rétablissons la vérité : chemise en flanelle n’est pas synonyme de chemise en tartan ou à carreaux ! En pratique, trois possibilités s’offrent à vous : les grands carreaux (dits tartan ou écossais, option la plus décontractée), les petits carreaux (de type tattersall ou Vichy), et l’uni (qui, selon la couleur, peut s’avérer très désuet). Les autres motifs de flanelle (des rayures craie par exemple) sont plutôt réservés aux costumes, vestes et pantalons.

À gauche, le tristement célèbre « buffalo plaid » : une immondice à réserver aux déguisements de cow-boy. À droite, un tartan « Blackwatch » de chez Holland and Sherry.
À gauche, le tristement célèbre « buffalo plaid » : une immondice à réserver aux déguisements de cow-boy. À droite, un tartan « Blackwatch » de chez Holland and Sherry.

Le type de chemise, enfin, conditionné par les détails : la chemise en flanelle est à l’origine un vêtement utilitaire, porté par les militaires et les ouvriers ; elle est donc profondément décontractée (ou « casual », pour les adeptes de l’américano-servilité). On retrouvera ainsi fréquemment un col boutonné et une voire deux poches de poitrine, bien pratiques pour ranger (au choix) votre stylo Mont-Blanc ou votre Opinel.

La poche de poitrine (toujours une poche plaquée) peut être -du moins au plus décontracté- simple, boutonnée, ou à rabat. On évitera de porter en ville la poche à rabat, résolument beaucoup trop sport.
La poche de poitrine (toujours une poche plaquée) peut être -du moins au plus décontracté- simple, boutonnée, ou à rabat. On évitera de porter en ville la poche à rabat, résolument beaucoup trop sport.

La chemise en flanelle : quel intérêt ?

Cette pièce présente un double intérêt, pratique et esthétique. D’un point de vue fonctionnel d’une part : la coupe est ample, l’étoffe épaisse et lourde (pour une chemise !), les poches parfois bien utiles. Vous serez donc à l’aise et au chaud, deux qualités fort appréciables lors de la mauvaise saison. Pour des raisons stylistiques d’autre part : elle est suffisamment décontractée pour être portée sans susciter l’hostilité de la masse, et ce quel que soit votre milieu social. Ceci la rend par conséquent idéale pour l’apprenti sartorialiste le plus jeune (dès le lycée) ou le plus novice (d’aucuns diraient « le plus plouc »).

Même le pire des plébéiens n’oserait qualifier de telles tenues de « trop habillées ». Source : Kiel James Patrick (droite).
Même le pire des plébéiens n’oserait qualifier de telles tenues de « trop habillées ». Source : Kiel James Patrick (droite).

Comment porter la chemise en flanelle ?

Avec un dépareillé, veste et pantalon

Si le costume ne lui sied guère (on pourrait à la rigueur imaginer porter une flanelle unie bleue ou grise associée à un costume en tweed ou en velours épais, mais le résultat paraîtra sans doute daté), la chemise en flanelle peut être associée à un dépareillé pour un résultat du plus bel effet. Afin de maintenir une certaine cohérence, il faudra choisir des pièces (veste et pantalon) dans un style sportif et rustique. On pense tout particulièrement aux tweeds, aux velours, et -pourquoi pas- aux flanelles de laines (à condition qu’elles soient plus épaisses et plus texturées).

Choix judicieux des matières (tweed, flanelle, veau velours) et des couleurs (tons beiges et gris) : la tenue est parfaitement cohérente. Source : Bruce Boyer, Drake's.
Choix judicieux des matières (tweed, flanelle, veau velours) et des couleurs (tons beiges et gris) : la tenue est parfaitement cohérente. Source : Bruce Boyer, Drake's.
Il s’agit ici sans doute d’une chemise en popeline ou en twill de coton ; elle pourrait tout à fait être remplacée par une flanelle à petits carreaux (Vichy ou tattersall) pour une tenue encore plus chaude. Cette fois encore, l’ensemble est cohérent car d’inspiration rustique : veste en velours côtelé et cravate en tricot. Source : Drake's.
Il s’agit ici sans doute d’une chemise en popeline ou en twill de coton ; elle pourrait tout à fait être remplacée par une flanelle à petits carreaux (Vichy ou tattersall) pour une tenue encore plus chaude. Cette fois encore, l’ensemble est cohérent car d’inspiration rustique : veste en velours côtelé et cravate en tricot. Source : Drake's.
Ici, une chemise à col boutonné à motif tattersall associée à un cardigan en maille épaisse. Celui-ci remplace admirablement une veste sport dans cette tenue des plus confortables pour l’hiver. Source : Vanda Fine Clothing. <a href="https://www.sartorialisme.com/le-cardigan/">
À ce propos, vous pouvez lire notre article sur le cardigan</a>
Ici, une chemise à col boutonné à motif tattersall associée à un cardigan en maille épaisse. Celui-ci remplace admirablement une veste sport dans cette tenue des plus confortables pour l’hiver. Source : Vanda Fine Clothing. À ce propos, vous pouvez lire notre article sur le cardigan

N’essayez en revanche pas de « décontracter » une mise habillée avec une chemise en flanelle, le résultat sera catastrophique !

Cette horreur se passe de tout commentaire. J’invite le petit malin qui objectera qu’il s’agit d’un costume et non d’un dépareillé à reproduire l’expérience avec un blazer marine et un pantalon gris : la résultante sera pareillement épouvantable.
Cette horreur se passe de tout commentaire. J’invite le petit malin qui objectera qu’il s’agit d’un costume et non d’un dépareillé à reproduire l’expérience avec un blazer marine et un pantalon gris : la résultante sera pareillement épouvantable.

En lieu et place d’un cardigan

La chemise en flanelle peut servir d’alternative (très décontractée) au cardigan, à condition d’être suffisamment épaisse pour avoir l’air d’une « couche extérieure » crédible. Si elle est trop fine, l’aspect de deux chemises superposées sera sans doute curieux. On optera pour une chemise unie, telle la fameuse chemise chamois de chez L.L. Bean ou la chemise CPO (Chief Petty Officer) de la marine américaine, éventuellement pour de grands carreaux écossais.

Steve McQueen portant une chemise CPO ; on devine en dessous un col, qui pourrait être celui d’un pull Aran beige crème.
Steve McQueen portant une chemise CPO ; on devine en dessous un col, qui pourrait être celui d’un pull Aran beige crème.
La chemise CPO, ici associée à un chino blanc et des baskets en toile dans un style très preppy. Source: The Illustrated Book of Ivy.
La chemise CPO, ici associée à un chino blanc et des baskets en toile dans un style très preppy. Source: The Illustrated Book of Ivy.
Une chemise de type chamois, avec deux poches à rabats. On peut regretter le choix d’un tee-shirt en guise de première couche : une chemise en oxford ou en chambray eût été préférable.
Une chemise de type chamois, avec deux poches à rabats. On peut regretter le choix d’un tee-shirt en guise de première couche : une chemise en oxford ou en chambray eût été préférable.
Avec un tartan dans des tons verts, cette fois-ci. La superposition fonctionne ici car la (sur)chemise est épaisse et présente des poches. Source : Drake's.
Avec un tartan dans des tons verts, cette fois-ci. La superposition fonctionne ici car la (sur)chemise est épaisse et présente des poches. Source : Drake's.

Avec un pull

Au même titre que toute autre chemise décontractée, une flanelle peut parfaitement se glisser sous un pull-over (toujours à col rond, à moins que vous ne portiez une cravate). Ce choix présente plusieurs avantages : on gagne en chaleur ; on peut ainsi ajouter une touche de couleur à sa tenue (comme on rehausserait un costume trop sobre par une belle cravate) ; cela épargne à votre cou le contact désagréable d’un pull-over en laine. Voyez ces quelques associations réussies :

chemise sous pull

Complétez la tenue dans le même registre rustique. Un pantalon en velours, en toile de coton (de la moleskine par exemple) ou en denim feront parfaitement l’affaire. En ce qui concerne les chaussures, choisissez des mocassins penny ou blucher pour un style très américain ; dans un esprit plus européen, des derbies chasse, des brogues ou un encore une paire de Michaels seront préférables. A moins d’être un ouvrier, laissez les bottines de type Redwings aux bobos gauchistes parisiens.

Remplacez les bottes par une paire de chaussures plus civilisée, et vous obtiendrez une fort belle tenue de ville tout en gardant le charme sans égal du gentilhomme fermier que vous n’êtes pas. Source : Salt Water New England.
Remplacez les bottes par une paire de chaussures plus civilisée, et vous obtiendrez une fort belle tenue de ville tout en gardant le charme sans égal du gentilhomme fermier que vous n’êtes pas. Source : Salt Water New England.
Un tartan aux couleurs vives associé à un pull à torsades d’un bleu éclatant : le style est résolument preppy. Le pantalon en velours côtelé et les brogues ajoutent un peu de maturité à l’ensemble, évitant ainsi de tomber complètement dans la caricature du « frat boy » des universités nord-américaines. Source : Five Point Fox.
Un tartan aux couleurs vives associé à un pull à torsades d’un bleu éclatant : le style est résolument preppy. Le pantalon en velours côtelé et les brogues ajoutent un peu de maturité à l’ensemble, évitant ainsi de tomber complètement dans la caricature du « frat boy » des universités nord-américaines. Source : Five Point Fox.

Retenons en guise de conclusion que la chemise en flanelle est une pièce confortable et décontractée, qui s’intègre pourtant bien dans des mises élégantes, à condition de choisir un beau motif et de veiller à accorder les tons. Notons enfin qu’il s’agit d’une pièce peu onéreuse (on peut trouver un modèle satisfaisant pour une trentaine à une cinquantaine d’euros) et d’entretien particulièrement aisé (il suffit de la laver à la machine puis de la repasser).

1 réflexion au sujet de « La chemise en flanelle : une pièce décontractée idéale pour l’automne »

  1. Salut Plouc-en-Chef, 😉
    Depuis mes 6 ans (ma première flanelle à carreaux écossais), j’ai toujours porté ce type de liquettes, rustiques et sans concessions; j’en ai eu des dizaines (peut-être 12 actuellement dans ma garde-chemises) en laine, coton, tatersall (80% coton/20% laine) et même certaines doublées de polaire. Je réapprend ici que je n’ai pas fait d’erreur de style, en tenue de pêche, chasse, dépareillé avec limace tricot de soie ou cols ouverts. Finalement cet article ne me sert à rien…

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